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vendredi, 12 octobre 2012

Ukraine : champ de bataille du Soft Power

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Ukraine : champ de bataille du Soft Power

par Jérôme COUFFY
 

L’Ukraine, ne nous est connue que pour ses bagarres au Parlement. En réalité, elles ne sont que l’expression d’une fragilité historique méconnue, pourtant toujours très actuelle. Comme le rapporte François de JABRUN dans son article « Les incertitudes de l’identité ukrainienne », l’Ukraine n’est devenue une réalité politique que très tardivement, lors de son indépendance en 1992, si l’on excepte une longue période de vassalisation sous le régime soviétique du XXème siècle.

Le contexte

L’Ukraine est donc un Etat Nation en devenir où vivent près de 50 millions d’ukrainiens. Mais à y regarder de près, c’est une mosaïque de plus de 20  groupes ethniques dominée par les Ukrainophones à l’ouest et les russophones à l’est. Sur ce florilège d’identités potentielles, la langue, berceau de la culture et source d’échanges, y est érigée en appartenance et en barrières. Au centre de ces difficultés, l’identité ukrainienne peine à s’affirmer. Or, on le sait, une faiblesse dans une bataille est une cible. Certains l’ont bien compris car, si l’Ukraine est isolée dans ses réformes politiques, son économie est prometteuse pour beaucoup. En effet, avec près de 5% de croissance en 2011, l’Ukraine vise une indépendance économique et est, de fait, en recherche de coopérations et de financements tout azimut. Tel est le terreau du champ où des Etats en concurrence se livrent bataille avec pour arme de prédilection l’influence.

Le 23 avril 2010, le ministre ukrainien de l’éducation et des sciences,  Dmytro Tabachnyk, signa un décret qui autorisa toutes les universités, d’une part, à accepter des étudiants étrangers et, d’autre part, à dispenser des enseignements en langue étrangère. Cette ouverture, décidée en contrepied du précédent gouvernement, sonna comme un coup de canon en race campagne pour les Etats présents.

Intervention sur la langue et la culture

En matière de soft power, les centres culturels restent classiquement le mode d’intervention privilégié d’un Etat. Mais en Ukraine, pour cette course, tout le monde n’est pas sur la même ligne de départ. En effet, pour bon nombre d’Etats mitoyens de l’Ukraine, cette mosaïque d’identités motive la présence de centres culturels. Ces centres répondent avant tout à une stratégie plus ou moins instinctive qui vise à maintenir un fil d’Ariane historique avec les représentants d’un même peuple au sein de l’Ukraine. Lorsqu’elle est réfléchie, comme bien souvent, cette stratégie permet de développer naturellement un corpus d’ambassadeurs légitimes aux yeux des ukrainiens.

Ainsi, la Pologne, qui reste un cas particulier car l’Ukraine a longtemps fait partie de son territoire, assure ce lien pour près de 150 000 polonais et a ouvert un nouveau centre culturel à Kirovograd le 5 mai 2010. Courant 2011, le consulat polonais entamera également des discussions avec la ville de Lviv pour y créer un nouveau centre. Fin 2010, l’Azerbaïdjan programme l’ouverture d’un centre littéraire à Donetsk, région où résident 20 000 natifs d’Azerbaïdjan, à côté du centre européen d’intégration. Pour la minorité slovaque qui ne représente que 8 500 personnes, une école en langue ukrainienne et slovaque ouvre le 1er septembre 2011 à Uzhgorod où il existe déjà un centre culturel slovaque.

Concernant la Russie, bien que les relations avec l’Ukraine soient parfois houleuses, on ne peut parler de cet Etat sans prendre conscience d’un avantage russe historique. La Russie préserve cet avantage à moyen et surtout long terme dans les actions qu’elle mène sur le champ de bataille. A titre d’exemple, le maillage du territoire en centres culturels n’y fait pas exception. Début 2011, pas moins de 3 nouveaux centres russes pour la science et la culture sont programmés sur les villes d’Odessa, Dniepropetrovsk et Lviv. L’étape la plus importante reste toutefois la ratification d’une convention bipartite le 28 mars 2012. Outre l’ouverture d’autres « succursales »dans les deux pays, celle-ci prévoit, l’intensification des coopérations régionales et internationales dans les domaines humanitaire, scientifique et technique ou culturel, le développement de jumelages et l’organisation de réseaux. Enfin, la convention emporte exemption des droits de douane sur tous biens nécessaires au fonctionnement des centres.

Mélange des genres entre culture et enseignement supérieur, certains pays pensent démultiplier leur influence en installant leur centre au sein même d’universités et susciter ainsi des échanges professoraux et estudiantins. Sur cet axe, la Turquie ouvre en 2011deux centres de la langue et de la culture turque, l’un dans le bâtiment de l’université Borys Grinchenko à Kiev, l’autre dans l’université Ouchinsky à Odessa. Pourtant dotée d’une diaspora certes réduite mais ancienne, le centre culturel israélien suit cette voie et ouvre également un département à l’université de Kherson.

Pour les autres Etats sans minorité historique, l’installation d’un centre culturel est le premier pas vers une coopération moins institutionnelle fondée sur des échanges entre les peuples eux-mêmes. Si la France se range dans ce deuxième groupe, son rayonnement semble apprécié puisqu’elle élargit son réseau en ouvrant le 11 avril 2011 une 10ème alliance française à Donetsk, Oblast qui a vu naitre l’actuel Président Viktor Fedorovytch Ianoukovytch. L’Arabie-Saoudite, quant à elle, cible les 436 000 musulmans d’Ukraine et utilise le centre islamique de Kiev comme porte-voix de son influence. Enfin, le Tadjikistan projette d’ouvrir un centre culturel pour 2012.

Le champ des initiatives en matière culturelle ne se limite pourtant pas aux activités de ces centres. Il peut être occupé de diverses manières pour qu’un pays soit visible. La Russie a, par exemple, choisi d’investir la 6ème édition du festival international du livre à Kiev le 29 juillet 2010 en occupant, sous la qualité d’invité d’honneur, la moitié du salon, pas moins. Autre initiative russe en 2011, c’est sur le sol de Moscou que fut organisé en avril le 1er forum ukrainien de la jeunesse. Parallèlement, le centre culturel français, l’institut Goethe et la chaine européenne Arte ont quant à eux choisi de coopérer avec la télévision nationale pour programmer un « weekend avec Arte » portant notamment sur un concours de courts métrages.

Intervention dans l’enseignement

Indirectement certes, mais plus visiblement porté sur un retour de dividendes, l’enseignement est le second grand domaine d’influence des Etats … le plus âprement disputé. Ceux-ci interviennent par ordre d’intérêt décroissant, dans l’enseignement supérieur par le bais de coopérations universitaires souvent opérées suivant des pratiques de lobbying, puis, plus rarement, dans l’enseignement secondaire.

Pour les Etats employant ce mode d’intervention, on notera que les universités de Kharkiv, Donetsk et Dniepropetrovsk ont par exemple été sélectionnées en 2010 pour recevoir une délégation de 17 universités polonaises. Celles-ci ont présenté leurs programmes, dispensés en polonais et en anglais, leurs conditions d’accès et les opportunités de logement, de bourses et d’emploi. 3000 ukrainiens étudient d’ailleurs déjà en Pologne, représentant ainsi le groupe d’étudiants étrangers le plus important. Très active en ce domaine, la Pologne a discuté le 14 juillet 2010 un accord bilatéral ayant pour objet la création de l’Université d’Europe de l’Est, institut international d’enseignement supérieur commun avec l’Ukraine. Le même mois, la Pologne a également soutenu, avec l’Allemagne et le Canada, l’ouverture de l'École internationale d'été de langue ukrainienne à l'université nationale de Lviv. Enfin, le 15 avril 2011, trois des universités de Kharkiv, dont l’Université Polytechnique et l’Université Karazine créée il y a 206 ans, ont signé un accord de coopération avec l'Université Technique de Lodz (Pologne). Sur le front de l’est, l’Allemagne a, quant à elle, ouvert le 1er septembre 2010 une école dans le centre-ville de Kiev dont l’enseignement est assuré par des pédagogues ukrainiens et allemands.

Même des pays éloignés posent leurs pions sur l’échiquier. Ainsi, le royaume de Jordanie a signé un protocole d’accord sur l’élaboration de programmes et de projets éducatifs avec l’Ukraine le 21 octobre 2010.Le 26 octobre 2011, le Vietnam a signé un accord portant sur l’accueil de ses étudiants et le 22 novembre de la même année, le Président Viktor Yanukovych rapporta la signature imminente d’un accord bilatéral de reconnaissance des diplômes entre la Turquie et l’Ukraine.

Concernant les Etats-Unis, leurs axes d’intervention sont très ciblés. Ils portent à la fois sur les méthodes d’apprentissage en anglais et sur l’utilisation des nouvelles technologies. Ainsi, le 20 avril 2010, à la veille du décret de Dmytro Tabachnyk, des méthodes d’apprentissage en anglais ont été présentées par le TESOL – Ukraine à l’occasion d’une conférence rassemblant des enseignants ukrainiens et des scientifiques représentant 76 institutions d’enseignement supérieur dont notamment des spécialistes issus des Etats-Unis. Puis, le 22 juin, le projet Bibliomist fut déployé en partenariat avec l’IREX (International Research and Exchange Council), l’USAID et le ministère ukrainien de la culture et du tourisme. Financé par un don de la fondation Bill Gates à hauteur de 25 M. $ et recevant la mise à disposition gratuite par Microsoft de logiciels pour 4,4 M. $, le projet vise à équiper les bibliothèques universitaires et leur donner accès aux nouvelles technologies de l’information. Le 20 janvier 2011, le centre d’innovation Microsoft a créé un site web permettant de consulter les archives numériques de livres anciens imprimés entre le XVIème et le XVIIIème siècle tirés de la bibliothèque de l’université nationale Taras Shevchenko à Kiev. Enfin, le 14 février : un centre de ressource à l’université de Rivne, ayant pour objectif d’enseigner les technologies modernes de traduction de l’anglais, fut ouvert avec l’appui du département de presse, éducation et culture de l’ambassade des USA. Il sera utile de rappeler que le gouvernement a lancé le 6 mai 2011 un plan de réforme sur 4 ans de 10,5 milliards de Hryvna (UAH) portant notamment sur l’enseignement des langues et l’apprentissage de l’informatique. Mais le même mois, le Président Yanukovych, se ravisant peut-être, a également approuvé un amendement du parlement interdisant la privatisation de petites entreprises d’Etat et notamment les librairies, bibliothèques et maisons d’édition.

Concernant l’Union, sous la présidence de l’Ukraine au Conseil de l’Europe, les ministres européens de l'éducation ont signé le « Protocole de Kiev » fixant les priorités et les objectifs clés de la réforme de l'enseignement scolaire en Europe pour les 10-15 prochaines années.
Pour la Russie, Etat le plus avancé sur ces questions, 6 établissements d’enseignement supérieur russe ont déjà leurs « succursales » en Ukraine et un groupe de travail chargé de contrôler la qualité des enseignements doit être mis en place à l’initiative d’une commission intergouvernementale russe et ukrainienne sur l’éducation. Une branche de l’université de l’Eglise russe orthodoxe doit d’ailleurs ouvrir en Ukraine. En 2010, la signature d’un accord de reconnaissance mutuelle des diplômes délivrés par une liste d’universités russes et ukrainiennes était également à l’ordre du jour. Cette coopération débouche bien évidemment sur les plus hauts niveaux d’enseignement puisque le 20 octobre 2011 fut ouvert un centre de recherche nano technologique et nanoélectronique russo ukrainien.

Sur le plan de l’enseignement secondaire, la Russie est également présente. A titre d’exemple, un concept de réforme de l'éducation, signé le 7 février 2011 par Dmytro Tabachnyk, assez fraichement accueilli par les professionnels de l’enseignement, a prévu de séparer l’enseignement de la littérature russe de la littérature étrangère, qui représente déjà ¾ des cours ; l’objectif affirmé étant de le dispenser à nouveau en langue originelle dans un 2ème temps. Dans la même veine plus en amont, tous les districts de Kiev doivent prévoir des écoles et des crèches où la langue russe sera parlée. Enfin, Moscou envisage de mettre à disposition des écoles des manuels scolaires en langue russe dans le cadre du programme fédéral de langue russe qui prévoit également des financements à la clef.


L’arrivée d’un outsider


On pourrait penser que l’avantage russe se traduise en victoire. Pourtant, le Président Yanukovych déclara le 31 août 2010 que les relations Chine Ukraine étaient une priorité nationale et que les coopérations à venir pourraient toucher notamment les échanges culturels et l’éducation. Nous tromperions-nous en pensant que l’arrivée de cet outsider, compétiteur de 1er plan, annoncé en présence du Président Hu Jintao à Washington, fut vécue comme une forfaiture par Moscou ? Certes, les yeux du crocodile étaient déjà visibles, la Chine  ayant ouvert trois instituts Confucius : le 1er à Louhansken 2007 puis Kiev et Kharkiv en 2008, mais rien ne laissait présager l’ampleur de l’attaque. Si un dernier institut complétant le dispositif fut ouvert à Nikolaïev  le 15 juin 2011, c’est sur le domaine de l’enseignement que l’activité fut la plus intense. En 2011, un accord de coopération devait être signé entre l'Institut de Pédagogie de Mianyang dans la province du Sichuan et l'Université nationale Taras Shevchenko de Kiev portant sur l’accueil d’étudiants à l'Académie Nationale de Musique de l'Ukraine, l’Université Nationale de la Culture et des Arts et l’Université Nationale Karazine de Kharkiv. En cette année 2011, paru également la 1ère édition d’un almanach d’études et recherches scientifiques ukrainien portant sur les domaines de coopération bilatérale avec la Chine. Enfin, le premier Vice-ministre de l'éducation, Yevhen Sulima, rapporta aux médias, d’une part, que le quota d’échanges interuniversitaires serait augmenté dès 2013 avec pour priorités les domaines des sciences des matériaux, de la mécanique, de la construction navale, de l'aéronautique, de la biotechnologie et l'étude de la langue elle-même et, d’autre part, que l’exécution de thèses de 3ème cycle serait effectuée sous la double direction de professeurs chinois et ukrainiens. Précisions d’importance, en 2012, 60 accords de coopération étaient déjà signés directement entre universités et, sur près de 50 000 étudiants étrangers, le 1er groupe, constitué de 8 500 chinois, étudiait à Kiev, Kharkiv et Odessa. Comparé aux 1000 étudiants ukrainiens qui étudient en Chine, ce groupe représente l’équivalent de la minorité slovaque en Ukraine. L’Ukraine a en outre bien calculé la manne financière que représentent ces étudiants étrangers issus de 134 nationalités : 100 M$ par an en recettes directes à quoi il faut ajouter le logement, la nourriture … soit 75% de plus. Aussi prévoit-il de doubler le nombre de chinois accueillis dans les deux années à venir. Conforté, l’ambassadeur de Chine en Ukraine, Zhang Xiyun, a déclaré le 6 janvier 2012 que son pays était très intéressé par la formation de ses citoyens dans les universités ukrainiennes dont le niveau est reconnu comme étant élevé. Parole traduites en actes puisque l’autorité aérienne chinoise a décidé d’augmenter à 28 vols par semaine les liaisons entre les deux pays.

Beaucoup plus étonnantes sont les interventions de la Chine dans l’enseignement secondaire. En 2012, un nouvel accord de coopération dans le domaine de l’éducation prévoit un développement de celle-ci par des programmes et des manuels sur des sujets d’intérêt commun, des échanges d’élèves visant à approfondir la compréhension mutuelle entre les peuples et l’organisation d’un concours de langue chinoise. Il reste cependant un point de blocage car les écoles sont gérées par les collectivités locales et celles-ci gardent un droit d’autonomie. Les collectivités locales sont d’ailleurs appelées à bénéficier très prochainement d’un grand chantier de réforme et de modernisation de l’Etat que sera la décentralisation comme l’a souligné le Président Yanukovych. Loin s’en faut, 16 000 ordinateurs ont été offerts cet été par la chine aux écoles du secondaire dont 1 300 destinées à celles de Kharkiv. Sans aller jusqu’à les scanner, ne serait-ce que par curiosité, ne faut-il voir dans cette initiative que de la philanthropie ?

Conclusion

A l’aube de son affirmation, l’identité ukrainienne semble trouver une indépendance économique dans une zone géographique dont le barycentre se trouverait entre la Russie et la Chine. Mais cette identité ne s’affirmera pas sans indépendance politique dont le barycentre, lui, se trouve entre l’Europe et la Russie. C’est très précisément ce que pensent 56% des députés de la Rada, tous bords confondus, comme le révèle un sondage de 2011 effectuépar le Centre d'études sociologiques et politiques « Sotsiovymir» et l’institut international pour la démocratie.

Pour l’heure, l’Ukraine joue sur les deux tableaux. En 2011 d’abord, elle a prévu l’ouverture d’un centre culturel à Bakou en Azerbaïdjan où vivent plus de 30 000 ukrainiens. Mais début 2012, elle a également ouvert le « Centre européen pour une Ukraine moderne » à Bruxelles, organisation non-gouvernementale, ayant pour mission d’informer et de prendre des contacts au sein de l’Union pour des futures coopérations notamment sur le plan culturel. Rappelons que l’Ukraine est dans un contexte de profonde réforme de l’éducation et de l’enseignement supérieur. Pour ce dernier secteur, Dmytro Tabachnyk prévoit de diviser par 10 le nombre d’universités et de réduire (économie ou droit) ou d’augmenter (informatique et technologies de l’information) le numerus clausus des domaines d’enseignement qu’ils soient porteurs ou non. Cette initiative lui coutera probablement cher car le Président Yanukovych, fort mécontent, a, entre autre, missionné son fidèle procureur pour enquêter sur lui.

Si l’on considère que le cœur de la Russie est en Europe, alors la construction russo-européenne n’appelle qu’à s’exprimer, à s’organiser et joindre ses forces pour soutenir l’Ukraine à acquérir sa place future sur l’échiquier mondial. Ainsi, sauf à n’intégrer que la moitié de l’Ukraine dans l’Union européenne, la langue sera probablement la première porte des concessions réciproques avec la Russie. Or, l’Union européenne ne pourra exercer une politique communautaire de soft power sur le terrain de l’enseignement et de la culture en Ukraine sans la penser et la coordonner en amont avec ses Etats membres. Rappelons néanmoins que la Chine surveille le développement des relations Union Ukraine, elle qui a multiplié par 35 ses exportations vers ce pays en 10 ans.

Parce qu’il n’est d’Etat Nation sans justice ni droit, il appartient au préalable à l’Ukraine de faire le premier pas en s’engageant de bonne foi dans les réformes institutionnelles que l’Europe ne cesse d’appeler de ses vœux.

Ce champ de bataille de l’influence aura l’avantage de nous rappeler que la langue et la culture ne sont pas des barrières mais des ponts. Mémorisons seulement qu’Odessa, principale ville d’Ukraine et carrefour commercial historique, est devenue le port connu qu’elle est aujourd’hui par l’œuvre d’un Maire passé Gouverneur-général de la Nouvelle-Russie, ayant reçu ses charges du Tsar Alexandre 1er lui-même, Armand-Emmanuel du Plessis, duc de Richelieu et petit-neveu du Cardinal ; et qu’en cette ville, rapporte Alexandre Pouchkine, on y parlait la langue d’une minorité … le français.

Jérôme COUFFY

mercredi, 04 janvier 2012

La machine propagandiste américaine “Freedom House”

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Bernhard TOMASCHITZ:

La machine propagandiste américaine “Freedom House”

L’organisation “Freedom House” est-elle véritablement une organisation indépendante, consacrant ses efforts à la promotion d’une vraie démocratie et d’une liberté authentique? Plus que jamais, le doute est permis!

Récemment, l’ONG américaine “Freedom House” a célébré son 70ème anniversaire. Dans le monde, on connait surtout cette “Maison de la Liberté” pour son rapport annuel sur les progrès de la démocratie et de la liberté de la presse dans le monde. Dans l’univers médiatique occidental, cette “Freedom House” est très souvent citée, sous prétexte qu’elle serait indépendante. Ce qui, en revanche, est nettement moins connu, ou est plutôt sciemment tu, c’est que la “Freedom House” reçoit environ 80% de son budget, de manière directe ou indirecte, d’instances américaines officielles. Les quelque onze milliards de dollars, dont a bénéficié cette fondation au cours de l’année 2011, proviennent en grosse partie du ministère américain des affaires étrangères, de l’autorité US s’occupant d’aide au développement (l’USAID) ou de la NED (“National Endowment for Democracy”) qui n’est autre que le “bras civil” des services secrets, en d’autres mots de la CIA.

Il nous paraît nécessaire de jeter un regard rétrospectif sur l’histoire de cette fondation et sur le contexte de sa création. Rapidement, on s’aperçoit qu’il n’est nullement question d’indépendance par rapport à l’Etat américain. Ce fut surtout l’épouse du Président américain de l’époque, Eleanor Roosevelt, qui présida à sa naissance pendant l’automne 1941. En coulisses, c’était évidemment son mari qui tirait toutes les ficelles. L’objectif de la fondation, au moment de sa création, n’était pas tant la diffusion planétaire de la “démocratie libérale” selon le modèle américain, mais la création, par propagande systématique, de toutes les conditions nécessaires pour faire participer directement  les Etats-Unis à la seconde guerre mondiale. La “Freedom House” ne dissimule nullement cette intention de départ et, sur son site de l’internet, son émergence est justifiée par la nécessité “après la fusion entre deux groupes fondés avec le soutien tacite du Président Roosevelt, d’obtenir l’assentiment public à une participation des Etats-Unis à la guerre, à une époque où les préjugés isolationnistes donnaient le ton”. La propagande belliciste a donc été une caractéristique constante de la “Freedom House”, jusqu’à date très récente. On a ainsi pu constater qu’en mars 2003 la “Freedom House” a soutenu, avec toutes la virulence voulue, la guerre américaine contre l’Irak, contraire au droit des gens. Une déclaration l’atteste: “Du plus profond de notre coeur, nous espérons que ces efforts de guerre, où les forces américaines seront impliquées, se dérouleront au mieux et que la tyrannie de Saddam Hussein tombera en coûtant le minimum en vies humaines”.

La qualité des membres du conseil de supervision de la “Freedom House” nous permet aussi de  dégager une image significative de la nature intrinsèque de l’ONG: d’après elle, ce conseil comprendrait “des dirigeants d’entreprises et de syndicats, d’anciens fonctionnaires gouvernementaux, des universitaires, des écrivains et des journalistes”. Cependant, parmi les anciens membres de ce conseil de supervision, on trouve une proportion, supérieure à la moyenne, de faucons néo-conservateurs comme Donald Rumsfeld, Paul Wolfowitz ou Jeanne Kirkpatrick. Ces trois personnalités, tout comme un des nouveaux membres de ce conseil de supervision, Kenneth Adelman, étaient tous des partisans virulents de l’attaque contre l’Irak.

Après la victoire des alliés occidentaux en 1945 et au début de la Guerre Froide, la “Freedom House” s’est muée en un instrument de la politique américaine d’endiguement de l’Union Soviétique. Le premier objectif était surtout de lier durablement les petites puissances d’Europe occidentale à Washington. “C’est pour cette raison que la Freedom House a soutenu très activement l’alliance atlantique de notre après-guerre ainsi que des stratégies et des institutions comme le Plan Marshall ou l’OTAN”. Après que les Etats-Unis aient pu aligner comme ils le voulaient leurs “partenaires” d’Europe occidentale, les efforts de la Freedom House se sont focalisés sur la lutte contre les Etats marxisants du Tiers Monde; après la fin de la Guerre Froide et l’effondrement de l’Union Soviétique, la Freedom House est revenue en Europe, pour en faire son théâtre d’intervention principal. Il s’agissait surtout, dans un premier temps, de lier aux structures euro-atlantiques les anciens Etats communistes d’Europe centrale et orientale. Ou pour s’exprimer d’une autre manière: les anciens satellites de l’Union Soviétique devaient faire de Washington leur nouveau centre de gravitation.

Pour faire d’une pierre deux coups, la première antenne extérieure de la Freedom House est installée en 1993 en Ukraine, sous prétexte de “travailler à l’organisation d’élections libres et justes et de renforcer la société civile”. D’autres antennes sont installées ailleurs en Europe dans les années suivantes, notamment en Serbie et en Hongrie. Mais c’est l’Ukraine qui recevra la priorité dans les efforts de la Freedom House. Pourquoi? Parce que l’Etat territorialement le plus vaste d’Europe est, d’une part, le pays par où transite le gaz naturel russe: il revêt dès lors une importance stratégique cruciale; d’autre part, la maîtrise de l’Ukraine, si elle devenait fait avéré, constituerait une avancée capitale dans le projet américain d’affaiblir définitivement la Russie. Par conséquence, la Freedom House, pour réaliser ces objectifs, a soutenu la “révolution orange” à Kiev en 2004/2005, partiellement avec le soutien de la Fondation “Open Society” du spéculateur en bourse Georges Sörös. Dans ce contexte, Ron Paul, membre du Congrès à Washington, critiquait la politique suivie en décembre 2004, en soulignant que l’argent américain “servait surtout à soutenir un seul candidat, au détriment des autres”. Ron Paul désignait ainsi le vainqueur des élections de l’époque, Victor Youchtchenko, fidèle vassal de Washington qui entendait faire entrer l’Ukraine dans l’OTAN. Ron Paul a encore été plus précis quand il a dénoncé l’immixtion patente des Etats-Unis dans le processus électoral ukrainien: “Nous savons que le gouvernement américain, via l’USAID, a octroyé des millions de dollars provenant de l’organisation PAUCI (“Poland-America-Ukraine Cooperation Initiative”), laquelle est administrée par la Freedom House. Suite à cela, l’organisation PAUCI a réparti les subsides gouvernementaux américains parmi d’innombrables ONG ukrainiennes”.

La “Freeedom House” n’a pas caché sa satisfaction pendant la présidence de Youchtchenko à Kiev mais a changé radicalement d’attitude lorsque son rival de longue date, Victor Yanoukovitch, a été élu chef de l’Etat au début de l’année 2010. Yanoukovitch a opéré un nouvau rapprochement russo-ukrainien en commençant par renouveler le bail pour les ports de Crimée où mouille la flotte russe de la Mer Noire. Le bail, accordé aux navires de guerre russes, est prolongé jusqu’en 2041. Comme Yanoukovitch ne veut pas entendre parler d’une inféodation de son pays aux structures euro-atlantistes, la “Freedom House” a fait descendre la cote de l’Ukraine: de “pays libre”, elle est devenue “pays partiellement libre”. De plus, la Freedom House déclare que règnent en Ukraine “des abus de pouvoir” comme on n’en avait plus vu depuis 2004.

Dans le collimateur des “diffuseurs de démocratie” établis à Washington se trouve aussi désormais la Hongrie. La raison de placer la nation hongroise dans le collimateur de Washington réside principalement dans la politique du Premier Ministre Viktor Orbàn, qui entend ne défendre que les seuls intérêts de la Hongrie. De plus, le parti Fidesz au pouvoir dispose de suffisamment de sièges, pour la première fois dans la Hongrie post-communiste, pour permettre à Orbàn de nationaliser les caisses privées de pension et de faire renaître la tradition de la “Couronne sacrée”, fondement du “cadre constitutionnel pré-moderne” de la Hongrie.

La Hongrie appartient à cette catégorie de “pays en transition”, comme par ailleurs l’Ukraine et d’autres pays de l’ancienne zone communiste, où il s’agit de faire triompher l’influence américaine et de l’ancrer définitivement. L’obstacle majeur à ce projet est évidemment la Russie, car, premièrement, ce grand pays est dirigé de manière autoritaire par Vladimir Poutine et Dimitri Medvedev, ce qui gène le travail de la Freeedom House et d’autres fondations américaines influentes; deuxièmement,   la Russie exerce une influence sur ses voisins immédiats, ce qui est jugé “nuisible” à Washington. Raison pour laquelle une collaboratrice en vue de la Freedom House, Jennifer Windsor, déclare, très sérieusement, que, “de fait, la démocratie a échoué dans bon nombre de pays ayant appartenu à l’Union Soviétique et que cet échec est dû partiellement à l’exemple russe d’un autoritarisme en phase ascendante”. Voilà pourquoi cette dame réclame: “Les Etats-Unis et l’Europe doivent forcer la Russie à jouer un rôle constructif dans le soutien aux modes de comportement politiques démocratiques, tant à l’intérieur de la Fédération russe elle-même qu’à l’étranger”.

La pression qui s’exerce aujourd’hui sur Moscou ne se justifie pas, en fin de compte, par un souci de démocratie ou de droits de l’homme, qui tenaillerait les personnalités politiques et économiques américaines et euro-atlantistes, mais bien plutôt par des intérêts économiques et commerciaux sonnants et trébuchants. La Russie, en effet, comme chacun le sait, est immensément riche en matières premières, tout comme l’Iran (celui du Shah hier comme celui d’Ahmadinedjad aujourd’hui) est riche en pétrole et en gaz naturel ou comme la Chine qui ne cesse de croître sur le plan économique. Ces trois pays sont de nos jours les cibles privilégiées du soft power américain en action. Outre leurs matières premières ou leurs atouts industriels, ils ont un point commun: ils refusent de suivre les injonctions des cercles politiques américains et de Wall Street et n’adoptent pas la marche qu’on tente de leur dicter en politique comme en économie.

Bernhard TOMASCHITZ.

(article paru dans “zur Zeit”, Vienne, n°45/2011; http://www.zurzeit.at ).

 

jeudi, 29 décembre 2011

Wie westliche Mächte und Medien in Russland die nächste Revolution inszenieren

Weltkrieg? Wie westliche Mächte und Medien in Russland die nächste Revolution inszenieren

Russland und der Welt stehen gefährliche Zeiten bevor. Die schweren Umwälzungen, die nach dem sogenannten »Arabischen Frühling« funktionierende Länder wie Ägypten, Tunesien und Libyen inzwischen völlig destabilisiert haben, könnten jetzt bald auch Moskau ereilen. Die Massenproteste der letzten Wochen, vor allem in der Hauptstadt und in Sankt Petersburg, sind nach Meinung unabhängiger Beobachter schwerwiegende Beweise einer generalstabsmäßig geplanten Revolution, mit der man vor allem eins erreichen will: Den erstarkenden Wladimir Putin wegzukriegen, bevor er im März an die Macht kommt! Ernste Sorge: Man werde auch vor dessen Tötung nicht zurückschrecken. Denn es geht um die Weltherrschaft des 21. Jahrhunderts! Partei für die westlichen Mächte hat jetzt auch Michail Gorbatschow ergriffen: Er forderte gestern Putins Rücktritt.

Im direkten Visier des Westens stehen aktuell also nicht nur Syrien und Iran, sondern vor allem auch Russland. So sei es ebenso nicht ausgeschlossen, dass die USA und Großbritannien vor einem Anschlag unter Falscher Flagge nicht zurückschrecken werden, so USA- Journalist Webster Tarpley. Denn Russland ist zur Existenzfrage der anglo-amerikanischen Pläne geworden, die nun einmal vorsehen, Macht über die ganze Welt zu erlangen.

Mehr: http://kopp-online.com/hintergruende/deutschland/redaktion/weltkrieg-wie-westliche-maechte-und-medien-in-russland-die-naechste-revolution-inszenieren.html

mardi, 15 novembre 2011

USA-Tricks gegen Iran: Eine Analyse

USA-Tricks gegen Iran: Eine Analyse

John Lanta

Nur wenige Wochen nach dem wundersamen Attentatsversuch des Iran gegen den saudischen Botschafter in Washington, dessen Story so unglaubwürdig war, dass kein namhafter Politiker in Europa dazu Stellung nehmen wollte, erreicht uns jetzt eine Geschichte, an der man nicht so leicht vorbeikommt. Kennzeichen der Anklagen gegen den Iran wegen seines angeblichen Atomwaffenprogramms sind wenig gehaltvolle Vorwürfe, falsche Schlussfolgerungen und deren ständige Wiederholung über viele Jahre. 

Die Tatsachen sind: Der Iran erfüllt alle Wünsche der Wiener Atomkontrollbehörde IAEA (International Atomic Energy Agency), lässt auch über die vorgeschriebenen Kontrollen hinaus weitere Kontrollen zu, die nicht vorgeschrieben sind, ist berechtigt, ein friedliches Atomprogramm voranzutreiben – und WÄRE jederzeit berechtigt, mit der rechtlich festgelegten Kündigungsfrist von drei Monaten aus dem unterschriebenen Atomwaffensperrvertrag auszusteigen.

Mehr: http://info.kopp-verlag.de/hintergruende/europa/john-lant...

jeudi, 10 novembre 2011

La Guerre humanitaire de la NED et de la FIDH en Syrie

La Guerre humanitaire de la NED et de la FIDH en Syrie

Ex: http://mbm.hautetfort.com/
     

La National Endowment for Democracy, ou la NED, est une organisation qui se présente comme une ONG officiellement dédiée “à la croissance et au renforcement des institutions démocratiques dans le monde”. Mais en réalité il s’agit d’un organisme financé à hauteur de 95% par le congres des États-Unis. C’est sous l’administration Reagan que sa création fut officialisée en 1982.

La nature de la NED a conduit de nombreux intellectuels et chercheurs contemporains à la décrire comme une officine permettant aux services secrets américains de renverser les régimes qui ne conviennent pas au Département d’État. 
Cette critique fut notamment étayée par les propos d’Olivier Guilmain, chercheur au CECE (Centre d’Etudes Comparatives des Elections), lors d’une session d’information au Sénat français portant sur l’encadrement financier du processus électoral. En effet, la NED finance des partis d’opposition dans de nombreux pays et prête une assistance particulière aux exilés et opposants des régimes visés par le département d’État US. 

En Syrie, Le Damascus Center for Human Right Studies est l’organisation principale de la NED. Elle est également partenaire de la FIDH (Fédération internationale des droits de l’homme). Cette dernière a reçu 140 000$ U.S de la part de la NED suite à une réunion entre Carl Gershman et de prétendues organisations de droits de l’homme françaises. L’interlocuteur français de la NED fut François Zimeray, l’ex-Ambassadeur pour les droits de l’homme de l’ex-Ministre des Affaires Etrangères Bernard Kouchner. Lors de cette réunion qui s’est tenue en Décembre 2009, étaient présents : le Comité Catholique contre la Faim et pour le Développement (CCFD) ; la section africaine de l’AEDH (Agir Ensemble pour les Droits de l’Homme) ; Reporters Sans Frontières ; SOS Racisme et la FIDH.

La Fédération Internationale des droits de l’Homme est donc un partenaire officiel de la NED comme le montre par ailleurs son soutien aux allégation de l’ex-secrétaire général de la Ligue Libyenne des Droits de l’Homme – elle aussi rattachée à la FIDH- à l’encontre du gouvernement de Mouammar Kadhafi. Cette dernière, également appuyée par l’ONG U.N Watch, est à l’origine des procédures diplomatiques à l’encontre de la Jamahiriya Arabe Libyenne.

En Syrie, le Dr Radwan Ziadeh est le directeur du Damascus Center for Human Rights Studies. Sa biographie, plus qu’impressionnante démontre son engagement en faveur de la politique étrangère des États-Unis au Moyen Orient. Il est en effet notamment membre de la Middle East Studies Association (MESA) et est le directeur du Syrian Center for Political and Strategic Studies à Washington. Il était également présent aux côtés d’Aly Abuzakuuk - un des responsables de la NED en Libye - lors de la Table Ronde des Democracy Awards, la récompense remise aux “militants des droits de l’homme” par la NED.

Il existe par ailleurs de fortes similitudes entre le processus de la Guerre Humanitaire en Libye et celui qui est en cours d’élaboration à l’encontre de la Syrie. En effet, U.N Watch, organisation qui coordonne les pratiques de la NED et de la FIDH à Genève, a déjà lancé plusieurs pétitions à l’encontre du régime de Bachar Al-Assad. Pour ce faire les mêmes allégations de massacres que celles promues par l’ex-secrétaire de la Ligue Libyenne des Droits de l’Homme Sliman Bouchuiguir au Conseil des Droits de l’Homme des Nations Unies, sont dors et déjà mises en avant à l’encontre de la Syrie.

Il est donc urgent de dénoncer ces procédures, d’autant plus que l’histoire récente nous montre que ces allégations n’ont pas été vérifiées dans le cas libyen mais également qu’elles ne reposent sur aucune preuve solide contrairement à ce qu’avance la Cour Pénale Internationale.

Julien Teil

 

Note

Cet article est également mis en ligne sur le site de Julien Teil, La Guerre Humanitaire. C’est lui qui a réalisé le film sur “La guerre humanitaire”, sur la Libye, que nous avons présenté le 18 octobre 2011

lundi, 26 septembre 2011

L’Empire invisible : Soft-Power et domination culturelle

L’Empire invisible : Soft-Power et domination culturelle

par Pierre-Antoine PLAQUEVENT

http://www.egaliteetreconciliation.fr/

Guerre cognitive

A notre époque qui est celle de l’information globalisée (on parle d’âge de l’information, comme il y a eu un âge industriel, ou encore un âge de l’agriculture), ce qu’on appelle la guerre cognitive est au cœur des enjeux contemporains de la puissance.

La guerre cognitive – appelée aussi guerre de l’information – est un élément essentiel pour la compréhension des enjeux contemporains de la lutte planétaire qui oppose actuellement les puissances œuvrant à l’édification d’un ordre unipolaire du monde, à celles qui tendent de leur côté, à la mesure de leur capacité de résistance, à une multi-polarité du monde et à un nouveau non-alignement.

Ainsi peut-être demain la France et l’Europe, redevenues maitresse de leur destin politique. Nous exposerons régulièrement sur ce site certains des concepts essentiels de cette guerre qui ne dit pas son nom mais qui ne cesse jamais. Concepts nécessaires à une meilleure compréhension de la réalité de notre époque et de ses enjeux stratégiques dissimulés sciemment ou simplement occultés par le « bruit » informationnel constant émis par les acteurs contemporains du « choc des puissances »(1).

Connaître afin d’anticiper. Anticiper pour résister.

Nous traiterons ici du concept de « soft-power » et de quelques pistes existantes pour une insurrection cognitive.

concept de Soft-Power

Le concept de « soft power » (ou « puissance douce ») est un concept utilisé en relations internationales et en géopolitique pour désigner la capacité qu’a un acteur politique (Etat, société multinationale, minorité agissante, ONG, réseau ou autre) d’influencer indirectement un autre acteur afin de l’amener à adopter son propre point de vue, voire à suivre ses buts, sans lui donner le sentiment de la coercition. Le soft-power regroupe ainsi l’ensemble des forces d’influence idéologiques douces mais offensives que peuvent être : la culture, le mode de vie ou juste l’image que l’autre (celui à influencer) perçoit de cet acteur.

Le soft power consiste en la capacité de mobiliser des ressources basées sur la séduction et l’attractivité que l’on exerce sur l’autre afin de l’influencer et de le contraindre en douceur.

Le soft power combiné au hard power, qui désigne la force coercitive classique (armée, diplomatie, pressions économiques), participe à la consolidation de la puissance politique et géopolitique d’une nation. Quand celle-ci arrive à se hisser au rang d’empire, la vassalité et la dépendance des autres nations ou groupes humains dépendent directement de sa capacité à user de sa « puissance douce ». Comprendre cette notion de soft power, c’est donc comprendre qu’aucun rayonnement culturel n’est réellement neutre si on l’analyse sous un angle géopolitique et qu’il accompagne et camoufle généralement une volonté et une capacité de puissance.

Puissance « douce » et Empire

« La capacité à être perçu comme modèle organisateur politico-social ou porteur de valeurs universelles, est aujourd’hui un facteur essentiel de toute politique de puissance » (Lorot-Thual « La Géopolitique »).

En géopolitique comme en histoire, les théories et concepts dépendent directement de la puissance, de la position et de la situation qu’occupe dans le monde celui qui les énonce. De nos jours si l’on pense à une capacité d’induction de comportement chez l’adversaire et à une influence culturelle modelante, on pense de fait aux Etats-Unis, première puissance mondiale actuelle, cœur et réceptacle de l’Empire. S’agissant de cette notion de puissance douce, le principal théoricien du soft power est justement un américain : Joseph Nye, professeur à Harvard puis secrétaire adjoint à la défense sous Clinton.

D’après Nye, si le leadership américain après la seconde guerre mondiale a dans un premier temps reposé essentiellement sur la puissance militaire et économique des Etats-Unis, c’est désormais autant sur le pouvoir d’attraction et la diffusion de son modèle que l’Amérique fonde sa puissance. Chez Joseph Nye transparaît l’appréhension de la situation précaire de l’Amérique comme puissance globale, fragile quant à la légitimité de son empire. S’ensuit donc la nécessité de bien communiquer en usant du pouvoir attractif de l’Amérique sur ceux qui sont ses vassaux de fait.

Ainsi explique-t-il : « Il convient de distinguer notre capacité offensive de notre capacité de défense. Celle-ci ne se limite pas à notre pouvoir coercitif (hard power), mais se fonde principalement sur notre pouvoir attractif (soft power). Aujourd’hui, le plus important ce n’est pas notre armée, mais le fait qu’un million et demi d’étrangers viennent chez nous suivre des études, que des millions d’autres souhaitent voir des films américains et adopter l’ « american way of life ».

Ceux sur qui nous exerçons une fascination ne nous feront jamais la guerre, au contraire ceux sur qui nous n’exerçons aucun pouvoir attractif (les islamistes, par exemple) peuvent constituer une menace. Dans l’histoire, c’est le pouvoir coercitif qui donne aux États la confiance en eux-mêmes qui les rend attractifs. Mais le pouvoir attractif peut persister au-delà du pouvoir coercitif. Ainsi, malgré la perte de son pouvoir temporel, le Vatican dispose encore d’un des plus puissants pouvoirs attractifs ».

Analyse qui rejoint celle du géopoliticien et homme d’influence Z.Brzezinski (2), qui est à la fois théoricien (« Le Grand Echiquier ») et acteur -il est l’un des fondateurs de la Commission Trilatérale- de l’hégémonie américaine contemporaine : « L’Amérique exporte aujourd’hui son mode de vie et sa culture comme Rome autrefois le droit ».

Suite [...]

L’« american way of life » n’est donc pas qu’un simple mode de vie qui aurait gagné l’Europe puis une grande partie du monde depuis l’après-guerre mais bien un outil de guerre idéologique pensé stratégiquement dans une perspective de soumission culturelle et politique des adversaires potentiels de l’Empire mais plus encore de ses alliés. Alliés qui furent généralement d’anciens adversaires vaincus d’abord par la guerre directe et le hard-power. Ainsi l’Europe occidentale après la défaite des fascismes puis l’Europe de l’Est après celle du communisme(3) ou encore le Moyen-Orient après l’échec du pan-arabisme (4).

Pour nous, européens, ce « soft-power » impérial est donc bien l’arme d’une guerre qui ne cesse pas et qui, partout et tout le temps, est l’un des foyers originaires de notre perte d’identité et de notre incapacité de résistance politique face à la destruction de notre civilisation. Cette « vieille Europe » comme la désignait avec mépris Donald Rumsfeld à l’époque de l’administration Bush.

L’Empire invisible : puissance « douce » mais conséquences dures

Ce n’est pas pester en vain contre l’Empire que de reconnaître son emprise sur nos vies ; c’est en fait reconnaître comme telle la force et les moyens d’une puissance qui travaille à maintenir son hégémonie, cela afin de savoir les utiliser dans le sens de la promotion de notre combat qui est celui de l’indépendance et de la souveraineté des peuples. Souveraineté qui passe nécessairement par une résistance spirituelle et culturelle face à l’hégémon américain et sa vision du monde matérialiste et utilitariste. Vision du monde pesante et sans grâce, faite de mauvais films et de sous-culture rap et pop qui avilit l’âme de l’homme et l’enchaîne à une réalité obscène créée de toutes pièces pour dévaster nos fonctions premières de résistances morales et politiques.

Car qu’est-ce que représente concrètement le soft-power atlantique pour le citoyen européen lambda ? Des illustrations de cette emprise « douce » sur nos vies peuvent être relevés dans notre quotidien le plus trivial -précisément le plus trivial, cible naturelle du soft-power américanomorphe- peut-être par exemple quand votre voisine vous raconte le dernier épisode de « Desperate Housewives », quand vos parents sifflotent une chanson des « Rolling-Stones » qui leur rappelle leur jeunesse ou quand des jeunes répètent machinalement des airs de rap sans réfléchir plus avant au sens des paroles en anglais.

Cette même jeunesse qu’on rabat comme bétail à l’abattoir de l’intelligence pour aller voir le dernier « block-buster » américain. Dans ses conséquences concrètes, le soft power de l’Empire s’exerce aussi quand par exemple des parents amènent leurs enfants fêter leur anniversaire au fast-food ou dans ces grands hypermarchés où l’on va s’enfermer même les jours de grand beau temps ! Et combien de braves gens l’ont fait autour de nous, preuve de la force d’imprégnation et de propagande culturelle modelante qu’a le soft power pour maintenir une hégémonie culturelle et politique.

L’Empire soumet ainsi les puissances concurrentes en s’attaquant d’abord à leur esprit par la conquête idéologique et par des représentations sous-culturelles corrosives, puis directement au « bios » du peuple et à sa santé physique par la malbouffe et la destruction des savoir-vivre ancestraux et des coutumes alimentaires.

Tranquillement et continuement, c’est ainsi que notre quotidien d’européens occidentalisés est devenu sans que l’on s’en rende bien compte, une gigantesque machine d’acculturation permanente qui a pour fonction première de nous faire vivre dans un plasma sous-culturel omniprésent et paralysant. Ainsi inhibés et acculturés, les Européens - et tous les peuples du monde touchés de prêt ou de loin par le démon de l’occidentalisation - se retrouvent sans anticorps face à ce processus de mort lente mais programmée de l’esprit puis de la chair.

C’est ainsi que les souvenirs et la vie des gens (de nos gens, des nôtres, et de nous-mêmes) sont parasités en permanence par une sous-culture avilissante et déstructurante utilisée par le vainqueur de la seconde-guerre mondiale et de la guerre-froide comme une arme de guerre contre nos peuples ; comme une arme de destruction massive, une bombe radiologique au rayonnement continu, diffus, permanent et mortel contre les peuples.

Cette influence géopolitique et culturelle a donc pour fonction de créer un cadre de vie totalement intégré, une soumission quotidienne que l’on ne remarque même plus tellement elle constitue l’arrière plan et le décor de nos vies. L’Empire sous une forme occultée mais omniprésente, presque immanente et consubstantielle au quotidien du citoyen de Cosmopolis, le « village » global.

Et même si partout dans le monde, des résistances à ce processus d’intégration monoculturel se font jour, le plus effrayant reste la passivité des populations face à l’intériorisation forcée des modes de vie promut par le libéralisme impérial anglo-saxon ; passivité d’autant plus inquiétante de la part de ceux des peuples qui ont à subir le plus directement son influence délétère.

Il s’agit donc pour nous d’ouvrir les yeux sur la réalité d’une colonisation culturelle et idéologique qui est bien proche d’avoir réussi à anéantir notre culture, non plus par les moyens classiques de la guerre d’agression –comme encore en Irak, en Serbie ou en Afghanistan- mais plus insidieusement par l’imprégnation quotidienne d’une sous-culture « pop » imposée de l’étranger (5) qui n’est pas une culture naturellement populaire, c’est-à-dire issue du peuple et donc émanation naturelle de ses joies et de ses peines, comme par exemple les chansons populaires de nos aïeux, mais bien l’un des vecteurs principaux de notre décadence actuelle promu à dessein pour permetrre notre sujetion.

Une autre illustration d’un « soft power » très puissant était hier celui de l’U.R.S.S. Cette « puissance douce » qui prônait chez nous par le biais de ses réseaux et relais (parti, associations, syndicats, lobbys, éducation nationale, personnalités etc.) tout l’inverse de ce qui était entrepris et promu chez elle pour le maintien de sa puissance, c’est-à-dire : désarmement, pacifisme exacerbé, rejet des valeurs patriotiques, etc. Aujourd’hui effondré, l’aile gauche du mondialisme militant imprègne encore l’Occident d’une idéologie qui faisait hier le jeu de l’influence soviétique sur l’Europe et qui continue encore par inertie historique d’exercer son influence délétère par endroit. Cela alors même que la source originelle de sa vitalité, l’Union Soviétique, a cessé d’être depuis longtemps.

De nos jours, d’autres acteurs émergent au niveau de l’utilisation d’un « soft-power » propre à leurs vues. Ainsi la « puissance douce » d’un islamisme militant sous influence mondialiste rayonne aussi quand par exemple un jeune accroche à son rétroviseur un chapelet de prière musulman ou quand un jeune français porte ostensiblement un t-shirt « 113 » ou « Médine » et jure sur une Mecque qu’il n’a jamais vu… Puissance « douce » se heurtant bien souvent avec celle des réseaux protestants évangéliques américains visant à concurrencer immédiatement l’Islam ou le Catholicisme sur ses propres terres. (6) Comme actuellement en France où l’enjeu pour les prochaines années est la prise en main des futures élites issues de l’immigration nord-africaine par l’Empire. (7)

On peut donc considérer que le « soft power » agit quand l’homme déraciné contemporain croit qu’il est libre de ses choix, opinions et actes alors qu’il est justement, plus que jamais, la proie des réseaux et des champs de force idéologiques des puissances qui s’entrechoquent et qui ont pour champ de bataille les consciences et les représentations des peuples et des individus.

L’individu contemporain est victime d’une guerre qui ne dit pas son nom aux civils mais qui est clairement théorisée et instrumentalisée par les états-majors : la guerre cognitive. Nul part où fuir, le champ de bataille est ubique et les azimuts proliférant : consumérisme, mondialisme, américanisation, droit-de-l’hommisme, fondamentalismes, sectarismes, New-Âge etc. Furtivement l’ennemi se dissimule partout où l’enjeu est le contrôle des populations par la propagande indirecte.

C’est, avec la mondialisation des échanges et la révolution technologique permanente, la globalisation des rayonnements idéologiques et culturels des acteurs de la puissance et l’anéantissement de fait des zones de neutralité, des zones de paix. C’est la fin de l’époque des trêves entre deux guerres car ici la guerre ne cesse pas. C’est aussi la fin de la sphère intime de l’homme et de son intériorité car cette mainmise idéologique par les différents « soft-powers » en présence s’infiltre sans discontinuer dans son esprit aux travers du foisonnement des moyens de communication contemporains.

Finalement, c’est l’habitant du village global qui est pris pour la cible permanente d’une guerre idéologique qui ne s’avoue pas comme telle et qui, s’appuyant sur l’individualisme et le narcissisme de masse, a fait débordé la guerre de ses limites classiques depuis bien longtemps. Le « viol des foules par la propagande » n’aura donc été que la répétition d’une méthode aujourd’hui bien plus perfectionnée : nous faire désirer ce qui nous tue et nous faire associer notre bien être à notre sujétion. (8)

NTIC et « soft-power proliférant » : une résistance en avant-garde

Conceptualisé et instrumentée au départ par la puissance hégémonique actuelle : l’Amérique-Monde ou l’« Occidentisme » comme l’appelle le dissident russe Zinoviev, le soft-power est devenu l’un des piliers de l’extension de l’Empire et de la tentative d’Etat universel auquel veulent aboutir les élites financières et politiques du G20. Pour autant, comme toujours en histoire, il n’est pas sûr que ce concept ne se retourne pas finalement contre ses créateurs car avec la révolution technologique en cours et le développement rapide des médias et circuits d’informations non-alignés, les résistants à l’Empire et au processus d’intégration mondialiste peuvent encore arriver à retourner les armes de l’oppression contre l’oppresseur.

Ce processus de résistance au rayonnement idéologique de l’Empire s’est bien vu en ce qui concerne le combat pour la vérité historique autour des attentats du onze septembre 2001. Ainsi, alors qu’une version officielle fut rebattu sans cesse par les principaux médias occidentaux, c’est par l’utilisation d’une contre-information citoyenne (ou plus politique) que des acteurs indépendants (certains parfois lié à des puissances non-alignés au bloc occidental) (9) ont pu amener une grande partie des opinions publiques à ne plus croire à la version officielle de ces attentats, ceci malgré toute l’artillerie classique de la propagande médiatique. Propagande qui allait de l’accusation de « complotisme » jusqu’au chantage à l’antisémitisme le plus hystérique (10). Arrivant même à influencer certaines personnalités publiques qui furent immédiatement lynchées par les mêmes médias qui les portaient aux nues peu avant.

La résistance cognitive qui a eu lieu face à la version officielle des attentats du onze septembre nous donne une illustration que, contrairement à ce que beaucoup trop de personnes pensent, l’Empire ne peut tout contrôler en même temps. Dans le chaos que génèrent l’avancée du Nouvel ordre mondial, se créent ainsi des interzones informationnel qui échappent par endroit à l’Empire et où il nous faut nous installer pour résister. Autant de « bandes de Gaza » idéologiques et cognitives où la tyrannie de l’Empire vient s’embourber malgré tout.

L’œil cyclopéen qui veut le contrôle de nos vies ne peut tout arraisonner parfaitement, c’est certes son vœux le plus cher et le but vers lequel tendent tous ces capacités mais il n’est pas encore réalisé ; et face à son phantasme de contrôle absolu nous pouvons encore lever des barricades dans la guerre de l’information. Le Nouvel ordre mondial se déconstruit à mesure qu’il progresse. Comme l’Empire Romain sur sa fin, l’Empire actuel trébuchera peut-être sur son gigantisme. A mesure que l’Empire avance et détruit, il ouvre aussi sous ses pas de nouvelles lignes de fractures qui peuvent devenir autant de lignes de front pour de possibles résistances et renaissances populaires.

Introduisons ici une notion qui pourrait servir de contrepoids à la toute puissance impériale en matière de domination informationnelle : la notion de soft-power proliférant. Les géopolitologues occidentaux appellent « puissances proliférantes », les puissances considérées utiliser des armes non-conventionnelles comme le terrorisme ou la guérilla pour pallier à leur faiblesse face aux puissances dominantes. Mais si cette accusation d’Etat terroriste ou « voyou » peut être aisément renversée et retournée à l’envoyeur dans la plupart des cas, la résistance anti-mondialiste peut prendre exemple sur la manière dont ces puissances proliférantes savent manier des thématiques mobilisatrices pour les opinions publiques ou utiliser les faiblesses des dogmes et versions officielles de l’adversaire.

Ainsi l’Iran avec l’arme du révisionnisme historique ou la Russie qui relaye massivement chez elle les travaux des chercheurs indépendants ou non-alignés sur la réalité des évènements du onze septembre 2001. (11) La résistance Palestinienne constitue aussi un bon exemple de « soft-power proliférant », elle qui a su utiliser à partir des années 80-90, l’intifada et le martyr des enfants palestiniens pour retourner une opinion internationale au départ plutôt encline à voir dans le palestinien en lutte, un Fedayin preneur d’otages de Septembre Noir.

Tout en gardant bien soin de rester ancrés sur nos réalités et problématiques nationales et civilisationnelles, les réseaux et mouvements anti-mondialistes et alter-nationalistes peuvent aisément faire leurs, les méthodes de guerre cognitive utilisés par ces acteurs géopolitiques qui savent utiliser la guerre médiatique indirecte pour contrer la propagande à vocation universelle de l’impérialisme mondialiste.

Face à un géant on ne peut utiliser la force directe, il nous faut donc adopter la stratégie de la mouche qui agace le lion jusqu’à le vaincre par épuisement. Face à la guerre cognitive de l’Empire : l’insurrection et la guérilla de l’information sont des armes stratégiques majeures. Chaque mensonge déboulonné, chaque vérité diffusée sont autant d’entailles dans la carapace idéologique du Léviathan qui pourront peut-être un jour se révéler mortelles à force d’acharnement. A nous donc de développer notre propre « puissance douce » de militants anti-mondialistes et alter-nationalistes face au moloch globalisé. Ceci par des actions de lobbying, par l’action sociale et culturelle, par des actions d’influence sur la société ou des campagnes de réinformation. (12)

Par le méta-politique en appui du politique, par le « soft power » et la « réinfosphère » (13) en appui de notre « hard power » qui constituerai lui en la création de réseaux de résistances et l’organisation concrète de l’autonomie populaire.

Par Pierre-Antoine PLAQUEVENT pour les-non-alignes.fr

(1) Nous reviendrons ultérieurement sur cette notion de « choc des puissances » qui nous parait plus pertinente et moins instrumentalisable que celle, plus ambigu, de « choc des civilisations ». Nous empruntons ce terme à un colloque tenu par l’Ecole de Guerre Economique au Sénat en 2007 et qui avait pour titre : « le Choc des puissances ». http://www.infoguerre.fr/evenements...

Nous pensons essentiel de concevoir le monde politique contemporain et les relations inter-Etats, non pas comme le lieu d’une guerre entre des civilisations nettement différenciés en lutte pour leur hégémonie : le « choc des civilisations » ; mais plutôt comme le lieu de l’affrontement entre des ensembles civilisationnels, politiques, culturels et identitaires contraints de s’agréger de force à un processus d’intégration économique mondialisé. Processus totalitaire conduit à marche forcée par les instances dirigeantes d’organismes économiques transnationaux tel le FMI ou l’OMC et sous tendu par une mystique et un projet cosmocratique à vocation planétaire : la création d’un gouvernement mondial. Projet d’une sortie de l’histoire définitive en gestation chez nos « élites » qui le désignent sous le nom de Nouvel ordre mondial et que ses opposants appellent souvent « Empire ». Terme générique désignant tous les aspects de ce projet : spirituel et philosophique, politique et économique.

Même si pour nous, patriotes européens, il y aurait beaucoup à dire sur ce double usage du terme d’Empire selon qu’il désigne le projet cosmocratique universel mondialiste ou bien son opposé : l’Empire comme unité de destin continentale des peuples européens. On évoquera ici qu ’à cet "empire invisible" expansioniste et démonique des mondialistes s’opposent un "Empire intérieur", tel que théorisé en son temps par Alain de Benoist par exemple. Empire intérieur du coeur et de l’orthodoxie, de la liberté et de la personalité face au néant du libéralisme et de l’individualisme.

Pour nous, ce qui se révèle juste dans le paradigme « Huntingtonien » - principalement les heurts inter-ethniques dans les cités ghettos du village global et de son mode de développement unique - relèverait peut-être plus exactement de frictions identitaires plus que d’un réel choc de civilisations. Frictions participant pour beaucoup de cette intégration forcée des civilisations – ou de leurs survivances – et de leurs populations à ce projet de Nouvel ordre mondial comme le désigne les élites qui le portent. Il en va de même pour les déplacements massifs de populations soumises aux logiques ultra-libérales de développement économique. Logiques ultra-libérales qui prennent la forme de vrais dictats économiques comme ceux du FMI ou de L’OMC qui imposent aux nations du Tiers-Monde, principalement en Afrique (mais aussi partout où l’Empire se montre plus direct comme en Afghanistan et en Irak), le pillage des ressources naturelles et la fuite des populations de leur pays d’origine. Empêchant ainsi toute forme de souveraineté nationale et populaire réelle d’émerger. Souveraineté nationale empêchée par l’Empire dans les pays du tiers-monde mais aussi dans ceux considérés comme développés. Il est ainsi significatif pour un pays comme la France d’accueillir des réfugiés politiques d’Afghanistan au moment même où nos soldats s’y font tuer pour les intérêts américains. Plus d’américanisation c’est donc bien plus d’immigration et au final plus d’Islamisation de l’Europe. N’en déplaise aux néo-conservateurs d’Europe et d’ailleurs.

(2) Z.Brzezinski fût aussi le conseiller du président Carter et aujourd’hui l’un de ceux d’Obama. Adepte d’une vision dite « réaliste » des rapports que doivent entretenir les USA avec le reste du monde, il s’est opposé à celle trop clairement agressive des néo-conservateurs américains, allant jusquà dévoiler leur intention d’organiser éventuellement de faux attentats sur le sol américain afin de provoquer une réponse contre l’Iran.

http://video.google.fr/videoplay?do...

Il est vrai qu’il est aussi un connaisseur en matière de manipulation, s’étant lui-même vanté d’avoir fait tomber l’URSS dans le piège afghan, lui offrant ainsi son Vietnam.

http://contreinfo.info/article.php3...)

Il est aussi l’un des théoriciens de la notion de « titytainment ». Notion centrale dans les stratégies de l’Empire pour la domination et l’arraisonnement des masses humaines hétérogènes qui peuplent « Cosmopolis », l’Urbs mondialisée de ce début de XXI ème siècle. http://fr.wikipedia.org/wiki/Tittyt...

(3) Dans le cas de la guerre froide, et surtout à partir des années 80, c’est pour beaucoup par le Soft-Power et le travail des opinions de l’Europe de l’Est que le communisme a pu être démantelé. L’image d’un occident opulent et « libre » -au sens où prend ce mot dans les démocraties de marché- a autant fait pour mettre à genoux la puissance soviétique que la guerre perdu en Afghanistan ou la nouvelle course au réarmement relancée par l’administration Reagan. Face aux files d’attente devant les magasins d’alimentation, rien ne fût plus désagrégateur du soutien de l’opinion au régime -soutien déjà légitimement au plus bas- que les images d’abondance en provenance de l’occident.

Là encore la sous-culture pop d’importation américaine joua son rôle dans les désordres qui précédèrent et suivirent la fin du bloc communiste. On peut penser notamment à ce concert géant des groupes américains « Metallica » et « AC/DC » qui réunirent dans une Russie à peine « désoviétisée » entre cinq cent mille et un million de personnes accourus de tout le pays pour assister à ce spectacle. On dénombra alors des dizaines de morts et une centaine de viols durant les festivités. La culture américaine venait de prendre pied sur le sol russe. Les membres de ces groupes jouant devant un océan humain déchainé ont ainsi surpassé tous les rassemblements totalitaires du XX ème siècle. Le néo-libéralisme est bien la forme finale du totalitarisme dont le national-socialisme et le communisme ne furent que des répétitions balbutiantes.

(4) Pan-arabisme dont on ne peut que souhaiter la renaissance réelle (même sous une forme islamique non expansionniste) au moment où nous écrivons ces lignes au cœur des bouleversements actuels dans le monde arabe.

(5) Le libéralisme anglo-saxon a effectué ici un détournement du sens sémantique originel du mot : « populaire ». Ainsi l’usage d’un terme tel que : « pop-music », répété machinalement par des générations de français, retrouve son vrai sens une fois énoncé dans notre langue natale : musique populaire. « Musique populaire » cela sonne un peu comme « démocratie populaire ». Déclaration programmatique d’un contrôle politique qui s’auto-justifie et s’auto-promeut en captant à son compte une volonté populaire que l’on n’a jamais consultée auparavant.

Comme dans tout système totalitaire, asseoir la légitimité de son emprise politique et de son contrôle passe par l’appropriation et l’usage abusif du mot peuple. Voir sur ce sujet de la « pop-music » comme instrument d’hégémonie et de contrôle des masses par l’Empire des multinationales : les travaux du groupe de musique Slovène Laibach, et le film visionnaire de Peter Watkins : "Privilège". Nous reviendrons ultérieurement sur la nécessité vitale d’une contre-culture de qualité comme terreau d’une résistance réelle au système.

(6) Cela alors même que le nombre de catholiques augmentent en permanence aux Etats-Unis par la démographie galopante et l’immigration des latinos du sud. Latinos dont les ancêtres furent eux-mêmes convertis il y a plusieurs siècles par le Soft-Power de l’Eglise et de ses missions…

(7) Phénomène qui est loin d’être du phantasme et qui m’a été confirmé par plusieurs musulmans français. Dans nos banlieues, la guerre des réseaux d’influence bat son plein : les sectes évangéliques, l’église de scientologie ou la franc-maçonnerie se disputent les personnalités émergeantes afin de capter ces nouvelles ressources humaines et de les orienter dans le sens de leurs intérêts. Sens qui n’est pas vraiment celui de la souveraineté française on s’en doute… Se superposant au mépris de la culture française enseignée dans les écoles et avec la perspective du chômage de masse, on imagine que la perspective d’une telle carrière doit en attirer plus d’un. On est pourtant surpris de rencontrer ça et là des français d’origine nord-africaine conscientisés et réfractaires à l’Empire des multinationales, comme ce camarade qui me racontait avoir voyagé tous frais payés aux Etats-Unis et qui expliquait à ses mécènes qui enrageaient, combien il était Gaulliste et combien la France était son pays qu’il ne trahirait pas !

Un paysage de ruine se dessine donc sous nos yeux : alors que les migrants se massent à nos frontières et pénètrent en France par tous les moyens imaginables, les américains cooptent et « dénationalisent » au même moment ceux des « afro-européens » qui sont eux nés en France. Notre pays n’est réellement plus que le fragment territorial sans pouvoir et en ruine d’un empire invisible. Invisible ou tout du moins occulté pour la plus grande partie de nos compatriotes.

Sur ce sujet : http://archives-fr.novopress.info/2...

(8) « le Viol des foules par la propagande politique » Serge Tchakhotine 1952

(9) On peut raisonnablement penser que Thierry Meyssan par exemple a été appuyé dans ses premiers travaux par des sources des services de renseignement français voulant « tacler » avec leurs moyens le rouleau compresseur de l’Empire qui allait bientôt s’abattre sur le monde arabe et annihiler au passage nombre d’intérêts de la France et de la « Chiraquie » au Moyen-Orient. Il a d’ailleurs affirmé lui-même qu’à l’époque de sa première tournée des pays arabes, il a été protégé personnellement du Mossad par le Président Chirac. Le même qui aurait d’ailleurs fait, toujours d’après Thierry Meyssan, décoller la chasse française comme un avertissement à l’armée israélienne lors de la dernière guerre d’Israël contre le Liban. Chirac contre l’Empire ! Voire …

(10) Ceci alors même que la théorie officielle relève bien d’une théorie du complot… islamiste !

(11) "Le 12 septembre 2008, la 1ère chaîne de TV russe ORT diffusa en prime time le film "Zéro - Enquête sur le 11 Septembre" de l’euro-député Giulietto Chiesa suivi d’un débat contradictoire sur les attentats du 11 septembre 2001 regardé par plus de 32 millions de téléspectateurs. Le débat réunissait notamment des architectes, ex-agents du KGB, experts, ainsi que Léonid Ivashov (chef d’état major des armées russes en poste en 2001) et Chiesa" :

http://www.dailymotion.com/video/x8...

Source : http://www.ReOpen911.info

(12) Un autre exemple de soft-power « proliférant » porté par des résistants au Nouvel ordre mondial peut être trouvé chez les militants nationalistes de Casapound. Au départ centre social pour des familles de travailleurs italiens en difficulté et structure de combat culturel avant-gardiste, cette maison du peuple est devenu un véritable réseau militant alternatif qui essaime dans toute l’Italie et se développe sans discontinuer par le croisement d’une action de terrain concrète quotidienne et d’une contre-culture, jeune, active et contemporaine.

Un bon exemple de l’influence du soft-power de casapound a été donné à l’Europe entière quand le réalisateur italien de gauche Michele Placido, venu retirer son prix au festival du film de Venise, a affirmé en direct à la télé qu’il espérait d’être invité dans « les cercles culturels de Casapound » car c’est seulement là, d’après lui, qu’existe une activité culturelle qui est morte à gauche. Une gauche alternative italienne qui a perdu le contrôle de la culture jeune à Rome et dans nombre de grandes villes italiennes faute de projet politique et de vision de la société réellement contemporaine et positive. Ce n’est d’ailleurs pas un hasard si récemment Casapound a subi les attaques d’une extrême gauche rétrograde et manipulée et, plus grave, si l’un des animateurs principaux de Casapound a essuyé des tirs de pistolets dans les jambes. Le système sait reconnaître ses ennemis réels. http://cafenero.ilcannocchiale.it/?...

(13) Nous désignons par réinfosphère toute la mouvance qui dénoncent les "médias-mensonges" des mass-médias comme les désigne Michel Colon, mouvance qui lutte pour la réinformation et la diffusion d’une vérité médiatique et historique objective. La réinfosphère se développe sur internet en grande partie depuis les attentats du onze septembre 2001 et la remise en cause de la version officielle qui a suivi.

Un grand nombre de militants anti-mondialistes actuels doivent leur prise de conscience à la remise en cause de ces évènements par des groupes citoyens comme l’association Reopen911 ou Egalité et Réconciliation. En moins d’une décennie c’est une partie non négligeable de l’opinion qui a ainsi été gagné par le doute sur ces évènements et d’autres eu égard aux moyens dérisoires de la réinfosphère comparés à ceux des « médias-menteurs » du système.

lundi, 09 mai 2011

Soft Power - der kulturelle Krieg der USA gegen Russland - 1991-2010

 

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Soft Power – der kulturelle Krieg der USA gegen Russland, 1991–2010

 

Die neue Strategie und ihre Zentren

von Peter Bachmaier

In den letzten zwei Jahrzehnten hat eine Umorientierung des amerikanischen strategischen Denkens stattgefunden: Der Krieg wird nicht mehr rein militärisch definiert, sondern findet auch mit nicht militärischen, informativen und psychologischen Methoden statt, die man als «psychologische Kriegführung» [psychological warfare] oder «kulturellen Krieg» bezeichnet. Diese Methoden haben eine lange Vorgeschichte. Der amerikanische Militärstratege Liddell Hart entwickelte bereits vor dem Zweiten Weltkrieg die Strategie der indirekten Einwirkung [the strategy of indirect approach].1 Während des Zweiten Weltkriegs wandten die  amerikanischen und britischen Streitkräfte die «psychologische Kriegführung» gegen Deutschland an, die nachher zur Umerziehung [re-education] des deutschen Volkes eingesetzt wurde. Nach dem Ende des Krieges gründeten die CIA und das Verteidigungsministerium nach dem Vorbild des Tavistock Institute of Human Relations, eines spezialisierten Instituts für den psychologischen Krieg in England, Denkfabriken [think tanks] wie die RAND Corporation, das Hudson Institute von Herman Kahn, und andere, die in erster Linie gegen die Sowjetunion gerichtet waren.

Die Methoden in diesen Zentren wurden von einer Reihe von sozialwissenschaftlichen Instituten entwickelt. Die amerikanischen empirischen Sozialwissenschaften, d.h. Soziologie, Politikwissenschaft, Psychologie, Anthro­pologie, Kommunikationswissenschaft [communication studies] u.ä. entstanden in ihrer gegenwärtigen Form durch die Initiative und Finanzierung militärischer und nachrichtendienstlicher Agenturen in den 40er und 50er Jahren.2 Eine weitere Quelle waren die grossen Stiftungen wie die Carnegie Corporation, die Ford Foundation und die Rocke­feller Foundation. Es waren berühmte wissenschaftliche Zentren wie die New School for Social Research in New York, das ­Bureau of Applied Social Research in Princeton (von Paul Lazarsfeld geleitet), das Institut für Sozialforschung (geleitet von Max Horkheimer und Theodor W. Adorno, das 1949 nach Frankfurt zurückkehrte), das Center for International Studies (CENIS) am Massachusetts Institute of Technology, aber auch das von Michael Murphy und Gregory Bateson gegründete alternative Esalen Institut in Kalifornien – ein Zentrum der Gegenkultur, das auch an der Organisation des Woodstock-Festivals 1968 beteiligt war –, die diese Aufträge erhielten. Insbesondere die führenden Institute der Kommunikationswissenschaften waren durch die Programme für psychologische Kriegführung geprägt.
Diese Institute gaben Zeitschriften wie das Public Opinion Quaterly (POQ), die American Sociological Review, die American Political Science Review u.ä. heraus. An diesen Instituten arbeiteten Experten, meist Emigranten aus Deutschland und Österreich, die sich später grosse Namen in der Wissenschaft erwarben wie Paul Lazarsfeld, Oskar Morgenstern, Leo Loewenthal, Herbert Marcuse, Walter Lippmann, Harold Lasswell, Gabriel Almond, Daniel Lerner, Daniel Bell, Robert Merton u.v.a. Es waren dieselben Experten und Institute, die auch für die Umerziehung des Volkes in Deutschland verantwortlich waren. Einige dieser Projekte waren auch mit der Vorbereitung der Kulturrevolution der sechziger Jahre mit ihren Begleiterscheinungen Rockmusik, Drogenkultur und Sexuelle Revolution beschäftigt.
In besonderer Weise waren natürlich die «Soviet Studies» von der Regierung abhängig. Das Russian Research Project in Harvard, geleitet von Raymond Bauer und Alex Inkeles, war ein gemeinsames Unternehmen der CIA, der U.S. Airforce und der Carnegie Corporation. Das Institut veröffentlichte 1956 eine Studie mit dem Titel «How the Soviet System Works», die ein Standard-Lesebuch in Soviet Studies wurde.3 Zur psychologischen Kriegführung gehörten auch Radiosendungen der CIA nach Osteuropa, «eines der billigsten, sichersten und effektivsten Werkzeuge der U.S.-Aussenpolitik», wie Jean Kirkpatrick später erklärte, nämlich die Voice of America. RIAS Berlin, Radio Free Europe und Radio Liberty, die bis heute auf russisch und in den Sprachen der GUS senden.4 Diese Sender unterstanden dem Kongress für kulturelle Freiheit, der 1950 mit 400 Mitarbeitern in Paris von der CIA gegründet worden war.5
Der Sieg über die Sowjetunion wurde vor allem mit Hilfe dieser nicht militärischen Methoden erreicht. Die Strategie, die als Ziel keine Koexistenz mit der Sowjetunion, sondern eine «Demontage» des sowjetischen Systems vorsah, wurde von der Reagan-Administration 1982 ausgearbeitet.6 Der Plan umfasste sieben strategische Initiativen, darunter als Punkt 4: Psychologischer Krieg, gerichtet auf die Erzeugung von Angst, Unsicherheit, Verlust der Orientierung sowohl bei der Nomenklatura als auch bei der Bevölkerung.7 Dieser Krieg wurde nicht nur gegen den Kommunismus, sondern gegen Russland geführt, wie die direkten Aussagen Brzezinskis bezeugen: «Wir haben die UdSSR zerstört, wir werden auch Russland zerstören.» «Russland ist überhaupt ein überflüssiger Staat.» «Die Orthodoxie ist der Hauptfeind Amerikas. Russland ist ein besiegtes Land. Es wird aufgeteilt und unter Vormundschaft gestellt werden.»8
Im Jahr 1990 prägte Joseph Nye, ein Mitarbeiter des Council on Foreign Relations und Verbündeter von Zbigniew Brzezinski, für diese Methoden den Begriff «Soft Power» oder «Smart Power», der auf dieselbe Wurzel wie das «Social Engineering» zurückgeht.9 Er veröffentlichte im Jahre 2005 sein Buch «Soft Power: The Means to Success to World Politics», in dem er den Vorschlag machte, Amerika müsse durch seine Kultur und seine politischen Ideale attraktiv werden. Das Center for Strategic and International Studies in Washington, eine neokonservative Denkfabrik, in dessen Aufsichtsrat Henry Kissinger und Zbigniew Brzezinski sitzen, gründete 2006 eine Commission on Smart Power, von Joseph Nye und Richard Armitage geleitet, die 2009 ein Memorandum «A Smarter, More Secure America» vorlegt e, die das Ziel verfolgte, Amerikas Einfluss in der Welt mit «weichen» Methoden zu verstärken.10

Erste erfolgreiche Anwendung der neuen Strategie: die Perestrojka

Zum ersten Mal wurden diese neuen Methoden als Strategie in der Perestrojka eingesetzt, als Michail Gorbatschow an die Macht kam. Die Perestrojka hatte ihre positiven Seiten, sie stellte die Meinungs- und Bewegungsfreiheit wieder her, aber sie war auch eine massive Einflussnahme des Westens.11 Innerhalb des Zentralkomitees der KPdSU und der Nomenklatura bildete sich eine Gruppe, die auf die Positionen des Westens überging und das westliche neoliberale System einführen wollte.
Der eigentliche Architekt der Perestrojka war Alexander Jakowlew, seit 1985 Sekretär des ZK der KPdSU für Ideologie, der in den 50er Jahren in Washington studiert hatte und seit damals ein überzeugter Anhänger des Neoliberalismus war, wie er mir bei einem Gespräch in Wien am 9. November 2004 erklärte. Zu seinem Netzwerk gehörten Leute wie Jegor Gajdar, Grigorij Jawlinskij, Boris Nemzow, Viktor Tschernomyrdin, German Gref und Anatolij Tschubajs. Jakowlew schuf mit ihnen in der UdSSR eine fünfte ­Kolonne des Westens, die bis heute im Hintergrund die Fäden zieht. Auch Boris Jelzin war ein Mann der Amerikaner, der im September 1989 auf Einladung des Esalen-Instituts in Kalifornien, das seit 1979 ein amerikanisch-sowjetisches Austauschprogramm unterhielt, bei einem Besuch in Washington direkt im amerikanischen Kongress angeworben wurde und 1991 mit ihrer Hilfe die Macht übernehmen konnte.12
Gorbatschow wurde durch Vermittlung von George Soros zum Mitglied der Trilateralen Kommission, die im Jänner 1989 in Moskau eine Konferenz abhielt, an der auch Henry Kissinger und Valéry Giscard d’Estaing teilnahmen.

Westliche Organisationen zur kulturellen Beeinflussung in Russland

In der Zeit der Perestrojka wurden auch die Logen und ihre Vorfeldorganisationen wieder zugelassen.13 Auf Ersuchen Kissingers erlaubte Gorbatschow im Mai 1989 die Gründung der B’nai Brith Loge in Moskau. Seit damals wurden in Russland etwa 500 Logen durch die Grosslogen von England, Frankreich, Amerika u.a. gegründet. Gleichzeitig wurden aber für Politiker, Unternehmer und Angehörige der freien Berufe, die keine Beziehung zu den Ritualen hatten, aber die Prinzipien der Logen teilten, offenere Organisationen, Klubs, Komitees und Stiftungen geschaffen. Es gibt einige tausend Logenmitglieder in Russland, die sich an den Ritualen beteiligen, aber darüber hinaus gibt es zehnmal so viele Mitglieder der «maçonnerie blanche», die keine Rituale benützen, aber die Prinzipien akzeptieren und von Logenbrüdern geleitet werden. Solche Organisationen sind der Klub Magisterium, der Rotaryklub, der Lionsklub, die Soros-Stiftung u.v.a. Diese Mitglieder halten sich für eine Elite, die besondere Rechte hat zu regieren.14
Um die Literaturszene zu kontrollieren, wurde das russische PEN-Zentrum gegründet, eine weitere Vorfeldorganisation. Zu seinen Mitgliedern gehörten bekannte Schriftsteller und Dichter wie Bella Achmadulina, Anatolij Pristawkin, Jewgenij Jewtuschenko, Wassilij Aksjonow und Viktor Jerofejew.
Die Stiftung «Offene Gesellschaft» von George Soros, bereits 1988 in Moskau gegründet, war in den 90er Jahren der mächtigste Mechanismus der Destabilisierung und Zerstörung in den Händen der Hintergrundmächte. Soros richtete seine Tätigkeit auf die Änderung der Weltanschauung der Menschen im neoliberalen Geist, die Durchsetzung des American way of life und die Ausbildung von jungen Russen in den USA. Mit den Mitteln der Soros-Stiftung wurden die wichtigsten russischen Zeitschriften finanziert und für die Unterstützung der Literatur spezielle Preise vergeben.15  
Im Rahmen seines Programms gab die Stiftung Lehrbücher heraus, in denen die russische Geschichte im neoliberalen, kosmo­politischen Sinne dargestellt wurde. Im September 1993, während das Parlament beschossen wurde, hatte ich Gelegenheit, an einer Preisverleihung im russischen Bildungsministerium teilzunehmen. George Soros verteilte Preise an die Autoren russischer Lehrbücher für ­Geschichte und Literatur, und der russische Bildungsminister Jewgenij Tkatschenko erklärte, was das Ziel der neuen Schulbücher war: «Es geht darum, die russische Mentalität zu zerstören.»
Die Programme von Soros waren im kulturellen Bereich so vielfältig, dass praktisch der gesamte nichtstaatliche Sektor von der Finanzierung durch die «Offene Gesellschaft» abhing. Das Institut für die Wissenschaften vom Menschen (IWM), 1983 in Wien gegründet und ebenfalls von Soros unterstützt, förderte die Reform des Bildungswesens und der Universitäten in Russland und den postsozialistischen Ländern. Allein zwischen 1997 und 2000 vergab die Stiftung 22 000 Stipendien in der Höhe von 125 Millionen Dollar.16
Ein weiterer amerikanischer Think tank ist die Nationale Stiftung für Demokratie (NED), 1982 von Reagan gegründet, die ihrerseits wieder die Institute der Demokratischen und der Republikanischen Partei der USA und ihre Büros in Moskau finanziert. Sie unterstützt vor allem private Medien und prowestliche politische Parteien und Bewegungen. Das Budget der NED wird vom Kongress der USA als Unterstützung für das State Department beschlossen. Dem Vorstand gehören prominente Politiker an wie John Negroponte, Otto Reich, Elliot Abrams. Die NED ist die Fortsetzung der Operationen der CIA mit anderen Mitteln. Die NED finanzierte u.a. folgende russische Organisationen (2005): Gesellschaft «Memorial» für historische Bildung und den Schutz der Menschenrechte, Moskauer Helsinkigruppe, das Sacharowmuseum, Mütter Tschetscheniens für den Frieden, die Gesellschaft für russisch-tschetschenische Freundschaft, das Tschetschenische Komitee der nationalen Rettung (in einem Jahr insgesamt 45 Organisationen).17
Das Moskauer Carnegie-Zentrum wurde 1993 als Abteilung der Carnegie-Stiftung für internationalen Frieden, errichtet 1910 von Andrew Carnegie als unabhängiges Forschungszentrum für internationale Beziehungen, gegründet. Die Spezialisten des Moskauer Zentrums befassen sich mit den wichtigsten Fragen der Innen- und Aussenpolitik Russlands. Es gibt eine Sammlung von Informationen über die problematischen Punkte der Entwicklung des Landes. Das Zentrum publiziert Sammelbände, Monographien, Periodika und Nachschlagewerke sowie eine Vierteljahreszeitschrift «Pro et contra», die Serie «Working Papers» und führt regelmässig Vorträge und Konferenzen durch. Die Stiftung wird von grossen Firmen wie BP, General Motors, Ford, Mott sowie von Soros, Rockefeller, dem Pentagon, dem State Department und dem britischen Aussenministerium finanziert. Die Direktorin war bisher Rose Goettemoeller, frühere Mitarbeiterin der RAND Corporation, die derzeit stellvertretende Aussenministerin der USA ist.
Die Vertreter der russischen Geschäftswelt im Aufsichtsrat sind Pjotr Awen, Sergej Karaganow, Boris Nemzow, Grigorij Jawlinskij und Jewgenij Jasin, der Präsident der Moskauer Wirtschaftsuniversität. Führende Mitarbeiter sind Dmitrij Trenin, der auch für Radio Free Europe und Radio Liberty arbeitet, und Lilija Schewzowa, die beide regelmässig in den Westen eingeladen werden, um dort zu erklären, dass Russland die demokratischen Freiheiten einschränkt. Die Forschungen des Zentrums werden von der politischen Klasse Russlands und auch des Westens umfangreich benützt. Die Arbeit des Moskauer Zentrums wird von der Zentrale in Washington durch ein «Russland- und Eurasien-Programm» unterstützt.18
Die Stiftung Freedom House, 1941 auf Initiative von Eleanor Roosevelt gegründet, entstand aus dem Kampf gegen den Isolationismus in den USA. Offizielles Ziel war der Kampf gegen den Nationalsozialismus und Kommunismus, heute wird sie von Soros und der Regierung der USA finanziert. In den 90er Jahren gründete Freedom House Büros in fast allen GUS-Staaten und das Amerikanische Komitee für Frieden in Tschetschenien (Mitglieder: Brzezinski, Alexander Haig, James Woolsey – früherer CIA-Chef). Das bekannteste Projekt ist heute «Freiheit in der Welt», das seit 1972 jährlich alle Staaten der Welt analysiert, wo sie in «freie», «teilweise freie» und «unfreie» eingeteilt werden.19
Im Jahr 1992 wurde die russische Filiale der Rockefeller-Stiftung Planned Parenthood Federation in Moskau und 52 weiteren russischen Städten gegründet. Die Stiftung machte den Versuch, das Fach «Sexualkunde», das in Wirklichkeit die Auflösung der Familie und die Erziehung eines neuen Menschen zum Ziel hat, in allen russischen Schulen einzuführen. Dazu kam es jedoch nicht, da die Beamten des Bildungsministeriums, die Lehrer, die Eltern und die orthodoxe Kirche Widerstand leisteten und das Projekt auf einer Konferenz der Russischen Akademie für Bildungswesen im Jahr 1997 abgelehnt wurde.20
Die Nichtregierungsorganisationen (NGOs) gelten im Westen als die Bausteine der Zivilgesellschaft. Im Falle Russlands haben sie nichts mit dem Aufbau einer direkten Demokratie zu tun, sondern sind Agenturen, die vom Westen finanziert und gesteuert werden.

Die westliche Einflussnahme auf das Bildungswesen und die Medien

Ein wichtiges langfristiges Ziel der westlichen Einflussnahme ist das Bildungs- und Hochschulwesen. Zunächst wurden nach der Wende von 1991 mit Hilfe westlicher Berater der Zentralismus und die marxistische Ideologie aufgelöst. Das Bildungsgesetz von 1992 und die Verfassung der Russischen Föderation von 1993 schrieben eine tiefgreifende Umorientierung des Bildungswesens im Zeichen eines neoliberal-demokratischen Paradigmas nach westlichem Vorbild fest. Es umfasste den Einbau marktwirtschaftlicher Elemente im Bildungswesen und den Aufbau einer Zivilgesellschaft.21
Die Vergabe von westlichen Krediten an das Bildungswesen war an die Erfüllung der Vorgaben gebunden. Auf diese Weise wurde das Bildungswesen im Sinn des neoliberalen Systems umgestaltet. Ein nichtstaatlicher Sektor mit teuren Privatschulen etablierte sich. Die privaten höheren und Hochschulen waren gewinnorientiert und verlangten Schul- und Studiengebühren. Durch die PISA-Studien der OECD wurde das Bildungswesen auf die Wirtschaft ausgerichtet. Viele Schulen in ländlichen Gebieten, die nicht mehr «rentabel» waren, wurden geschlossen. Viele Kinder gehen nicht mehr in die Schule oder schliessen sie nicht ab. Im Jahr 2000 gingen nach einem Unesco-Bericht 1,5 Millionen Kinder in Russland nicht in die Schule. Der Drogenkonsum der Schüler, der früher unbekannt war, breitete sich aus.22
Am bedeutendsten war die Reform des Hochschulwesens, das gleich nach der Wende von Weltbank und Internationalem Währungsfonds evaluiert wurde, die dann ein Programm für eine Umstrukturierung nach angloamerikanischem Vorbild ausarbeiteten. Im Jahr 2004 wurde die Bologna-Deklaration gesetzlich beschlossen: d.h. der Übergang zum vierjährigen Bakkalaureat und zum anschliessenden zweijährigen Magisterstudium sowie eine Präsidialverfassung mit Hochschulräten, in denen Vertreter der Wirtschaft sitzen. Viele russische Bildungsexperten sehen darin eine Zerstörung der Tradition der russischen Universität, weil der Bildungsprozess auf die Weitergabe von Informationen reduziert wird. Von den etwa 1000 Hochschulen und Universitäten in Russ­land sind heute 40% privat, viele davon vom Westen errichtet, an denen eine neue Elite herangebildet wird.23
Ein weiterer Sektor, der vom Westen mit grosser Aufmerksamkeit verfolgt wird, sind die Medien, die nach 1991 die grösste Wandlung durchgemacht haben. Sie wurden durch die neoliberalen Reformen nach 1991 privatisiert und von Oligarchen oder vom Ausland übernommen. Viele Fernsehstationen, Zeitungen und Zeitschriften erhielten ausländische Eigentümer wie die News Corporation von Rupert Murdoch, die heute die Zeitung «Vedomosti», die führende Finanzzeitung Russ­lands gemeinsam mit der «Financial Times» herausgibt und die News Outdoor Group, die grösste Werbeagentur, die in etwa 100 Städten Russlands aktiv ist, besitzt. Die Bertelsmann AG, die über das grösste europäische Fernsehunternehmen RTL verfügt, betreibt in Russland den landesweiten Sender Ren TV.24 Die Bertelsmann-Stiftung, 1977 von Reinhard Mohn gegründet, eine der mächtigsten Denkfabriken der EU, arbeitet mit der Gorbatschow-Stiftung zusammen, die ihren Sitz in Moskau hat, aber auch eine Zweigstelle in Deutschland und in den USA unterhält.
Die Medien waren unter Jelzin fast vollständig in den Händen der neuen Oligarchie, die wiederum mit den westlichen Finanzzentren verbunden ist. Gusinskij besass den gröss­ten Fernsehsender NTW, und Boris Beresowskij kontrollierte die Zeitungen. Als Putin begann, den russischen Staat wieder zu stabilisieren, stellte sich als vordringlichste Aufgabe die Kontrolle der Medien, weil die Regierung sonst gestürzt worden wäre.
Zur Amerikanisierung muss man last not least die Alltagskultur rechnen, die mit Rockkonzerten, Internet, Privatfernsehen, Kino­palästen, Discotheken, Musik-CDs, DVDs, Comics, Werbung und Mode fast dieselbe wie im Westen ist.
 Das Ziel der amerikanischen Strategie ist der Transfer des westlichen Wertesystems auf die russische Gesellschaft. Der russische Staat soll entideologisiert werden. In der Verfassung von 1993 wurde die staatliche Ideologie als Kennzeichen des Totalitarismus desavouiert und im Art. 13 verboten.25
Die offizielle sowjetische Ideologie beruhte auf einer materialistischen Philosophie, aber hatte Elemente einer nationalen Idee und war die Klammer, die den Staat zusammenhielt. Durch dieses Verbot wurde der Staat der Wertorientierungen der nationalen Idee beraubt. Die geistige Leere wird heute durch die westliche Populärkultur ausgefüllt.
Die kulturelle Offensive der USA hat das Ziel, in Russland eine multikulturelle, d.h. kosmopolitische, pluralistische und säkulare Gesellschaft zu schaffen, in der die einheitliche russische Nationalkultur aufgelöst ist. Das Volk, die Gemeinschaft der Bürger mit einer gemeinsamen Geschichte und Kultur, soll in eine multinationale Bevölkerung umgewandelt werden.

Der Widerstand des russischen Staates und der Intelligenzia

Das unter Staatspräsident Wladimir Wladimirowitsch Putin seit dem Jahr 2000 durchgesetzte Staatskonzept, insbesondere die Forderung nach einem starken Staat, beinhaltete eine teilweise Rezentralisierung, den Übergang von einem multinationalen zu einem nationalrussisch geprägten Staatsverständnis sowie die Tendenz, der russisch-orthodoxen Kirche und Religion eine Sonderstellung im Staat einzuräumen.
Im April 2001 übernahm der staatliche Energiekonzern Gasprom die Kontrolle über den Fernsehsender NTW. Die Tageszeitung «Sewodnja» (Heute) wurde eingestellt, der Chefredakteur des Wochenmagazins gekündigt. Boris Beresowskis Fernsehsender TW-6 wurde im Jänner 2002 geschlossen und Beresowski emigrierte nach England.
Im September 2003 wollte der Ölmagnat Michail Chodorkowski die liberale Wochenzeitung Moskowskije Nowosti übernehmen, um die liberalen Oppositionsparteien «Union rechter Kräfte» und «Jabloko» im bevorstehenden Wahlkampf zu unterstützen. Dieses politische Engagement war ein wichtiger Grund für die Verhaftung Chodorkowskis im Oktober 2003. Diese Massnahmen waren notwendig, weil es der Oligarchie sonst gelungen wäre, mit Hilfe der Medienmacht die Regierung selbst unter ihre Kontrolle zu bringen. Die drei wichtigsten Fernsehsender – ORT, Rossija und NTW – sowie ein bedeutender Teil der Druckmedien werden heute durch staatliche Konzerne (Gasprom und Wneschtorgbank) oder durch den Staat direkt (RTR) kontrolliert.
Der Oligarch Wladimir Potanin kontrolliert aber weiterhin die Tageszeitungen «Izwestija» und «Komsomolskaja Prawda». Derzeit gelten die «Nowaja Gaseta» (unter Kontrolle des Oligarchen Alexander Lebedew und des  ehemaligen sowjetischen Präsidenten Gorbatschow) und die Tageszeitung «Wedomosti» (ein Projekt des «Wall Street Journal» und der «Financial Times») als von der Regierung unabhängige Medien.26 Seit dem Jahr 1993 wurden in Russland gemäss einer Statistik 214 Journalisten ermordet, darunter 201 Journalisten in der Jelzin-Ära und 13 seit dem Amtsantritt Putins, darunter aber die meisten in seiner ersten Amtszeit, während es in der zweiten Amtzeit nur mehr drei waren.27
Die nationale Doktrin für Bildung 1999 und die Konzeption 2001 führten im inhaltlich-ideologischen Bereich das nationalpatriotische Gedankengut wieder ein. Eine Hinwendung zu Werten der Zarenzeit traf mit dem Postulat zusammen, die Vorzüge des Bildungssystems der Sowjetunion zu erhalten. Eine Sonderstellung haben die von der russisch-orthodoxen Kirche getragenen Privatschulen und Geistlichen Akademien inne, die seit 2007 staatlich anerkannt sind. In den Lehrprogrammen der Schulen wurden neue Gegenstände wie seit 1999 die obligatorische Vorbereitung auf den Wehrdienst und seit 2007 das Schulfach «Grundlagen der orthodoxen Kultur» eingeführt.28
Zum kulturellen Krieg gehört auch die Kampagne der westlichen Medien gegen Russland, die seit zehn Jahren, vor allem aber seit der Verhaftung Chodorkowskijs 2003 geführt wird unter dem Schlagwort «Russland auf dem Weg zurück zum Sowjetsystem!» Ein weiteres Beispiel ist die sogenannte Verfolgung progressiver Künstler, die darin bestehen soll, dass blasphemische und pornographische Werke aus öffentlichen Ausstellungen entfernt wurden. Es handelte sich in der Regel um Provokationen westlich finanzierter NGOs. Das Sacharow-Zentrum, das sich die Durchsetzung der offenen Gesellschaft zum Ziel setzt, organisierte 2003 eine Ausstellung «Vorsicht! Religion», auf der auch blasphemische antichristliche Exponate ausgestellt waren. Daraufhin forderte die Duma die Staatsanwaltschaft auf, gegen die Leitung des Zentrums tätig zu werden. 2005 wurden die Organisatoren zu einer Geldstrafe verurteilt.
Im Jahr 2005 führte die Regierung einen neuen Staatsfeiertag am 4. November ein, in der Nähe des alten Feiertags der Oktober­revolution am 7. November. Diesmal sollte aber der Sieg über die polnischen Invasionstruppen im Jahre 1612 gefeiert werden. Im Jahr 2006 wurde ein neues Gesetz über die Nichtregierungsorganisationen verabschiedet, nach dem sich alle neu registrieren mussten und die ausländische Finanzierung genauer kontrolliert wurde. Anfang 2008 wurden alle regionalen Büros des British Council mit Ausnahme des Moskauer Büros geschlossen, weil man dem Council antirussische Tätigkeit vorwarf.29
Im Unterschied zu der Zeit der ­Perestrojka und der Jelzin-Ära ist die russische Intelligenzia seit dem Nato-Angriff auf Jugoslawien 1999 nicht mehr neoliberal, sondern nationalpatriotisch eingestellt. Die Schriftsteller, Künstler, Filmschaffenden und Theaterleute sind heute Patrioten und werden vom Kreml unterstützt. Die Regierung kontrolliert auch die politische Berichterstattung der Medien, vor allem im Fernsehen, etwas weniger in den Zeitungen.
Die Hauptfigur der Traditionalisten war früher Alexander Solschenizyn, dem aber seine ungenügende Kritik des Westens vorgeworfen wurde. Die führende Gruppe sind heute die «Bodenständigen» [po venniki], sie sind christlich-orthodox, aber sehen die sowjetische Periode in der Tradition der russischen Geschichte. Ihre Ideologen sind Dorfschriftsteller wie Walentin Rasputin, Wassilij Below und Wiktor Astafjew. In den Zeitschriften «Nasch sowremennik», «Moskwa» und «Molodaja gwardija» wurde seit den 70er und 80er Jahren die patriotische Ideologie ausgearbeitet.
Die «Stiftung der historischen Perspektive», die von der ehemaligen Duma-Abgeordneten Natalia Narotschnizkaja geleitet wird, vertritt ein patriotisches und christliches Programm, verfügt über die Schriftenreihe «Zvenja», die Internetzeitschrift «Stoletie» und organisiert Vorträge und Tagungen. Die nationalpatriotische Intelligenz diskutiert eine grundsätzliche Änderung des Systems, die einen starken Staat und eine Schliessung der Grenzen vorsieht. Die Verbände der Kulturschaffenden wie der Schriftstellerverband, der Künstlerverband, der Verband der Filmschaffenden verfügen über Kulturhäuser, Galerien, Kinozentren und Zeitschriften und organisieren ein dichtes Programm von Veranstaltungen. Es gibt in Moskau 150 Theater, Opernhäuser und Konzertsäle, die überwiegend klassische Stücke aufführen. Regietheater, abstrakte Kunst und atonale Musik sind ein Minderheitenprogramm.30
Österreich und Deutschland werden positiv gesehen, man sieht vor allem die alte deutsche Kultur, man hat ein Bild davon, das aus der Vergangenheit kommt, aber man weiss nicht wirklich, was in Deutschland heute vor sich geht. Alexander Solschenizyn hat immer gehofft, Deutschland werde eine Art Brücke zwischen Russland und dem Rest der Welt sein, weil sich Deutschland und Russland gegenseitig zueinander hingezogen fühlen.31 Die deutschen Medien zeichnen aber ein verzerrtes Bild von Russ­land: dass Russland auf dem Weg zurück zum Sowjetsystem ist und die neoliberalen Intellektuellen einen verzweifelten Abwehrkampf führen. Als Beispiel präsentiert man den Pornoschriftsteller Viktor Jerofejew, der von der Hamburger «Zeit» nach Deutschland eingeladen wurde.32 Die entscheidende Frage ist heute in Russland aber nicht, ob es wieder eine kommunistische Diktatur wird, sondern ob es eine «Diktatur des Relativismus» nach westlichem Vorbild oder eine christliche Gesellschaft wird.33

Die religiöse Erneuerung

Der entscheidende Widerstand gegen die Verwestlichung kommt heute von der orthodoxen Kirche, die antimodernistisch und traditionalistisch eingestellt ist. Die Orthodoxie tritt für traditionelle Werte wie Ehe, Familie und Mutterschaft ein und lehnt die Homosexualität ab. Die Kirchen sind voll, überwiegend mit jungen und jüngeren Menschen. Die Jugend bekennt sich mehrheitlich zur Orthodoxie, d.h. zum Christentum, und heiratet wieder in der Kirche. Es gibt wieder 100 Millionen Gläubige, 30 000 Priester und 600 Klöster. Die Geistliche Akademie in Sergijew Possad ist voll, es gibt vier Bewerbungen für einen Platz. Es gibt eine orthodoxe Radiostation, einen Verlag, eine Reihe von Zeitschriften, Militärgeistliche in der Armee sowie eine Spitals- und Gefängnisseelsorge, und in den Schulen wurde de facto Religion als Unterrichtsfach zum ersten Mal seit 1917 wieder eingeführt. Nach den Umfragen bezeichnen sich 70% der Russen als religiös.34
Im Jahr 2007 beschlossen die russisch-orthodoxe Kirche und der Vatikan, Gespräche aufzunehmen, um ihre langjährigen Differenzen zu beseitigen. Erzbischof Ilarion, Leiter des Aussenamts des Patriarchats, früher russisch-orthodoxer Bischof von Wien, sagte dazu: «Wir sind Bündnispartner und stehen vor der gleichen Herausforderung: einem aggressiven Säkularismus.»35
Die Orthodoxie wird in Russland als die «Religion der Mehrheit» bezeichnet. Am 4. November, dem Tag der Nationalen Einheit in Russland, konnte ich eine ungewöhnliche Prozession auf dem Roten Platz beobachten. Der Patriarch ging in der ersten Reihe, die Spitzen des Islams, der jüdischen Gemeinde und der Buddhisten in der zweiten. Das war als sichtbares Symbol gedacht: «Der Patriarch ist das Oberhaupt der vorherrschenden Religion. Er eint die Gläubigen und fördert die Zusammenarbeit der Religionsgemeinschaften. Der Patriarch ist der geistige Führer des ganzen Volkes, nicht nur der orthodoxen Gläubigen.»36

Schlussfolgerungen

Russland ist heute in einer Krise, die zunächst im Finanz- und Währungssystem zum Ausdruck kommt, aber genauso den Kulturbereich erfasst, ja sogar dort ihre tiefere Ursache hat, die darin besteht,  dass pluralistische säkulare Gesellschaft den Menschen keine wirkliche Gemeinschaft, keine Weltanschauung und keinen Sinn gibt.
Russland braucht nicht die «materialistische und egoistische Kultur» der gegenwärtigen westlichen Gesellschaft, sondern eine universelle nationale Ideologie, die alle Seiten des Lebens des Volkes erfasst, das Land entwickelt und alles abwehrt, was die Existenz des Volkes bedroht.37
Die «Neufassung» [reset] der russisch-amerikanischen Beziehungen seit zwei Jahren ändert jedoch nichts an der langfristigen antirussischen Ausrichtung der amerikanischen Politik und hindert die CIA nicht daran, wieder aktiver in Russland zu werden. Auch Hillary Clinton betonte nach dem Besuch Obamas in Moskau, dass die USA am Konzept des absoluten Weltführers festhalten. Russland wird daher früher oder später vor der Wahl stehen, entweder einen souveränen Staat aufzubauen, der die Grenzen schliesst und die Unterminierung seiner Kultur abwehrt, oder zu kapitulieren und eine Provinz des Westens zu werden. •

Dr. Peter Bachmaier, geb. 1940 in Wien, Studium in Graz, Belgrad und Moskau, 1972–2005 Mitarbeiter des Österreichischen Ost- und Südosteuropa-Instituts, seit 2006 Sekretär des Bulgarischen Forschungsinstituts in Österreich, 2009 dreimonatiger Forschungsaufenthalt in Moskau. Vortrag, gehalten auf dem Kongress «Mut zur Ethik» in Feldkirch, 3. September 2010.

1 Basil Liddell Hart, Strategy: The Indirect Approach, 1. Aufl. 1929, 2. Aufl. 1954.
2 Christopher Simpson, Science of Coercion: Communication Research and Psychological Warfare, 1945–1960, New York, Oxford U.P. 1994, p. 4.
3 Simpson, Science of Coercion, p. 87.
4 A. Ross Johnson, R. Eugene Parta, Cold War Broadcasting: Impact on the Soviet Union and Eastern Europe, Woodrow Wilson International Center, Washington 2010.
5 Frances Stonor Saunders, Who Paid the Piper? The CIA and the Cultural Cold War, London 1999, dt. Ausgabe: Wer die Zeche zahlt … Der CIA und die Kultur im Kalten Krieg, Berlin 2001; Simpson, Science of Coercion, p. 68.
6 Peter Schweizer, Victory: The Reagan Administration’s Secret Strategy That Hastened the Collapse of the Soviet Union, New York 1994.
7 S.G. Kara-Murza, A.A. Aleksandrov, M.A. Muraškin, S.A. Telegin, Revolucii na eksport [Revolutionen für den Export], Moskva, 2006.
8 Zitiert nach: V.I.Jakunin, V.Bagdasarjan, S.S.Sulakšin, Novye technologii bor’by s rossijskoj gosudarstvennost’ju [Neue Technologien des Kampfes gegen den russischen Staat], Moskva, 2009, str. 50.
9  oseph Nye, Bound to Lead: the Changing Nature of American Power, Basic Books 1990; Joseph Nye, Transformational Leadership and U.S. Grand Strategy, Foreign Affairs, vol. 85, No. 4, July/August 2006, pp. 139–148.
10 Richard Armitage, Joseph S. Nye, A Smarter, More Secure America, CSIS Commission on Smart Power, 2009.
11 Peter Schweizer, Victory: The Reagan Administrations’s Secret Strategy That Hastened the Collapse oft he Soviet Union, New York 1994.
12 Das steht in der offiziellen Jelzin-Biographie von Wladimir Solowjow, Elena Klepikowa, Der Präsident. Boris Jelzin. Eine politische Biographie, Berlin 1992. Nach der Anhörung Jelzins in einem Ausschuss des Kongresses sagte David Rockefeller: «Das ist unser Mann!»
13 O. A. Platonov, Rossija pod vlast’ju masonov [Russ­land unter der Macht der Freimaurer], Moskva 2000, S. 35.
14 Platonov, Rossija, str. 3.
15 Platonov, Rossija, str. 15.
16 Jakunin, Novye techologii, S. 81.
17 Jakunin, Novye technologii, S. 90.
18 Jakunin, Novye technologii, S. 94f.
19 Jakunin, Novye technologii, S. 92.
20 www.pravda.ru 03.19.2008.
21 Gerlind Schmidt, Russische Föderation, in: Hans Döbert, Wolfgang Hörner, Botho von Kopp, Lutz R. Reuter (Hrsg.), Die Bildungssysteme Europas, Hohengehren 2010 ( = Grundlagen der Schulpädagogik, Bd. 46, 3. Aufl.), S. 619.
22 Schmidt, Russische Föderation, S. 635.
23 Schmidt, Russische Föderation, S. 632.
24 Pierre Hillard, Bertelsmann – un empire des médias et une fondation au service du mondialisme, Paris 2009, p. 27.
25 «In der Russischen Föderation ist die ideologische Vielfalt anerkannt. Keine Ideologie darf als staatliche oder verbindliche festgelegt werden.» Art. 13 der Verfassung der Russischen Föderation, Dezember 1993.
26 A. Cernych, Mir sovremennych media [Die Welt der gegenwärtigen Medien], Moskva 2007.
27 Roland Haug, Die Kreml AG, Hohenheim 2007.
28 Schmidt, Russische Föderation, S. 639.
29 Das Feindbild Westen im heutigen Russland, Stiftung Wissenschaft und Politik, Berlin 2008.
30 Vladimir Malachov, Sovremennyj russkij nacionalizm [Der gegenwärtige russische Nationalismus], in: Vitalij Kurennoj, Mysljaškaja Rossija: Kartografija sovremennych intellektual’nych napravlenij [Das denkende Russland: Kartographie der gegenwärtigen intellektuellen Richtungen], Moskva 2006, str. 141 ff.
31  nterview mit Alexander Solschenizyn, Der Spiegel Nr. 30, 23.07. 2007; Marc Stegherr, Alexander Solschenizyn, Kirchliche Umschau, Nr. 10, Oktober 2008.
32 Nikolaj Plotnikov, Russkie intellektualy v Germanii [Russische Intellektuelle in Deutschland], in: Kurennoj, Mysljaškaja Rossija, a.a.O., str. 328.
33 Westen ohne Werte? Gespräch mit Natalja Alexejewna Narotschnizkaja, Direktorin des russischen Instituts für Demokratie und Zusammenarbeit in Paris, Frankfurter Allgemeine Zeitung, Nr. 51, 29.02.2008.
34 Jakunin, Novye technologii, str. 196ff.   
35 Interview in: Der Spiegel.
36 Der Spiegel, Nr. 51, 14.12.2009.
37 Papst Benedikt XVI. Enzyklika «Spe salvi», Rom 2007, in der er von einer «Diktatur des Relativismus» spricht; Jakunin, Novye technologii, str. 174f.

 

 

«Zukunftwerkstätten» in Russland

Im Juli 2010 fand in Jekaterinburg die 21. deutsch-russische Zukunftswerkstatt mit etwa 40 Teilnehmern im Rahmen des Petersburger Dialogs zwischen Deutschland und Russland statt. Diese Seminare, zu denen junge russische Führungskräfte eingeladen werden, wurden im September 2004 von der Deutschen Gesellschaft für Aussenpolitik begründet, die die erste «Zukunftswerkstatt» mit dem Thema «Deutschland und Russland in der globalen Welt» in den Räumen des Bertelsmann-Verlags Gruner und Jahr in Hamburg organisierte. Das Ziel der Seminare, die heute von der Körber-Stiftung unterstützt werden, ist die Aufarbeitung der kommunistischen Vergangenheit und die Verbreitung der Idee der demokratischen Zivilgesellschaft. Die deutschen Vortragenden erklären den jungen Russen, dass eine strategische Partnerschaft mit Russland nur auf der Basis gemeinsamer westlicher Werte möglich wäre. Sie geben ihnen den Rat, das imperiale Erbe Russlands zu beseitigen und sich den Spielregeln der Globalisierung zu unterwerfen.
Die Deutschen sagen den Russen, dass sie in Deutschland seit den 60er Jahren die Auseinandersetzung mit dem Krieg und dem Nationalsozialismus geführt und die Vergangenheit aufgearbeitet hätten, und werfen den Russen vor, mit der Erinnerung an den Sieg im Zweiten Weltkrieg an die sowjetische Identität anzuknüpfen und nicht bereit zu sein, den Totalitarismus umfassend aufzuarbeiten, womit sie eine weitere Demokratisierung der Gesellschaft verhindern würden. Die russischen Teilnehmer antworten, dass sich 1991 ein Bruch in ihrem historischen Bewusstsein vollzog, der zum Zerfall der fundamentalen Werte in der Gesellschaft führte. Die Russen sind bisher nicht bereit, sich vollständig «von der Vergangenheit zu lösen» und die «universalen Werte» zu akzeptieren.

Quelle: Newsletter, DGAP, 20.7.2010

mercredi, 16 février 2011

Geocultura: il potere della lingua

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Geocultura: Il potere della lingua

 

Uno strumento internazionale
che può fare a meno delle politiche di Stato

Ex: http://www.eurasia-rivista.org/

I nordamericani, ovvero, quegli esseri umani che quantificano tutto, dove il gigantismo è il dio monocorde di una sinfonia noiosa come lo può essere quella di misurare tutto ciò che si fa, non lasciando posto al fare o smettere di fare “perché così lo voglio”, come accade con noi del “piccolo mondo”. Gli americani hanno appena eseguito una nuova indagine sull’uso e l’apprendistato del castigliano negli Stati Uniti (loro preferiscono chiamarlo spagnolo).
Le cifre sono le seguenti: 850.000 studenti universitari stanno imparando lo spagnolo, mentre che il francese lo seguono solo in 210.000; tedesco 198.000, giapponese 74.000 e cinese mandarino 74.000. Inoltre, circa 40 milioni di individui parlano con fluidità la lingua di Cervantes e 4 milioni di nordamericani Wasp (White anglosaxon protestant [Bianchi anglosassoni protestanti]) che non sono di origine ispana parlano correttamente lo spagnolo.

Continuando sempre con le cifre, questa nuova indagine mostra che l’89% dei giovani ispanici nati negli USA parlano inglese e spagnolo, contro il 50% delle generazioni precedenti. Si calcola che per il 2050 gli ispanici, vista la crescita della loro popolazione che supera in figli la media degli americani e dei neri, costituirà il 30% della popolazione. L’indice di natalità degli americani è del 1,5%, quello dei neri del 2% e quello degli ispani del 3,5%.

Nel mondo ispanico degli Stati Uniti è avvenuto un cambio di mentalità ed è che i genitori considerano come un vantaggio il bilinguismo dei loro figli, contrariamente a quanto accadeva un paio di generazioni fa. Così, qualche decennio fa i genitori chiedevano ai loro figli di non parlare lo spagnolo perché pensavano che il loro inserimento e progresso negli Stati Uniti sarebbe stato più veloce, mentre che adesso stimano che la pratica del bilinguismo offre loro maggiori possibilità di lavoro e d’integrazione sociale.

Questo cambio di paradigma ha dato luogo a un boom negli studi ispanici in America con il consueto effetto moltiplicatore che produce nelle società che gli sono periferiche come può esserlo il suo cortile posteriore: l’America ispanica.

D’altra parte, lo sviluppo delle nuove tecnologie della comunicazione come Internet ha contribuito a questa forte espansione della pratica del castigliano in Nord America. Gli immigranti ispanici sono in contatto quotidiano con la loro cultura di origine, con le loro pratiche quotidiane, con i loro usi e costumi.
Com’è politicamente giudicato questo fenomeno dagli Stati Uniti? Dagli Stati Uniti un analista politico e strategico come Samuel Huntigton in un recente studio che ha per titolo La sfida ispana, afferma: «Il costante flusso d’immigranti ispani verso gli Stati Uniti minaccia di dividere questo paese in due popoli, due culture e due lingue. Diversamente dai precedenti gruppi d’immigranti, i messicani e gli altri ispani non si sono integrati nella cultura americana dominante, bensì hanno formato le proprie enclave politiche e linguistiche – da Los Angeles fino a Miami – e rifiutano i valori anglo protestanti che edificarono il suolo americano. Gli USA corrono un rischio se ignorano questa sfida. »
Da parte sua il politologo della Boston College, Peter Skerry, sostiene: «Diversamente dagli altri immigranti i messicani provengono da una nazione vicina che soffrì una sconfitta militare da parte degli Stati Uniti e si stabiliscono, soprattutto, in una regione che, in un altro tempo, formava parte del loro paese (…) Gli abitanti di origine messicana hanno la sensazione di stare in casa propria, fatto che gli altri immigranti non possono condividere.» Cosicché, quasi tutto il Texas, il Nuovo Messico, l’Arizona, la California, il Nevada e l’Utah formavano parte del Messico fino a che questo paese li ha persi come conseguenza della guerra d’indipendenza del Texas, nel 1835-1836, e la guerra tra il Messico e gli Stati Uniti, nel 1846-1848.

E, cosa si fa da parte del mondo ispano americano? In sostanza non si fa nulla, questo fenomeno lo si lascia muovere in una specie di forza delle cose per cui ciò che bisogna dare, si darà e ciò che bisogna cambiare, si cambierà. Non esiste, per quanto ne sappiamo, nemmeno una sola politica di Stato, di nessuno dei ventidue Stati iberoamericani sull’argomento dell’espansione, consolidazione e trasmissione del castigliano tra gli immigranti negli Stati Uniti. Questi sono lasciati alla loro sorte e arbitrio e non ricevono nessun aiuto né appoggio per consolidare la pratica di questa lingua.

Il fatto è che la dirigenza politica iberoamericana (eccetto lo straordinario caso di Lula) non vede nell’esercizio e nella pratica dello spagnolo una molla di potere internazionale, che in un universo di 550 milioni di parlanti la fa diventare la lingua più parlata al mondo. Non vedono nemmeno il prodotto lordo che abbiamo appena esposto.

Il caso Lula si pone di là della consuetudine, come lo è la dirigenza politica iberoamericana nel suo insieme, poiché lui da buon discepolo di Gilberto Freyre ha potuto affermare: «La cultura ispanica è alla base delle nostre strutture nazionali argentine e brasiliane, come vincolo transnazionale, vivo e germinale nella sua capacità di avvicinare le nazioni ». Nel mese di settembre 2008 firmò il decreto legge sull’”Accordo ortografico della lingua portoghese” che semplifica e unifica la forma di scrivere il portoghese tra gli otto Stati che lo utilizzano come lingua ufficiale (Portogallo, Brasile, Angola, Mozambico, Capo verde, Guinea Bissau, São Tomé e Príncipe e Timor Orientale). Un accordo che egli ha qualificato strategico. Attualmente, in Brasile sono 12 milioni gli studenti che praticano correttamente lo spagnolo, il fatto è che l’uomo ispano capisce e, con un minimo di sforzo, parla con naturalità quattro lingue: il gallego, il catalano, il portoghese e lo spagnolo.
Il multi o polilinguismo con il quale il castigliano convive da sempre – la vita in Spagna e l’avventura dell’America sono state prove definitive – ci sta indicando che oggi, laddove il bilinguismo diventa così indispensabile come l’acqua, la nostra lingua si trova nelle migliori delle condizioni di qualsiasi altra per servire l’umanità nel suo complesso. E la loro cecità non gli consente di apprezzare che hanno fra le mani, senza avvalersene, lo strumento più prezioso per quanto concerne la politica internazionale.

Alberto Buela, UTN- Fed. del Papel, membro del Comitato scientifico di Eurasia. Rivista di studi geopolitici

(trad. di V. Paglione)

 

 

 

  

 

 

mardi, 26 octobre 2010

Les "Gay Prides": passeports vers l'UE?

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Les "Gay Prides": passeports vers l'UE?

Contrairement à ce que certains flashs d’actualité nous l’ont laissé supposer, la Gay Pride qui a paradé dans les rues de la capitale serbe, Belgrade, fut un succès. Telle est du moins la teneur des commentaires officiels. Il y a eu des incidents mais nettement moins que prévus. Quelque 5000 policiers ont été mobilisés : juste assez pour contenir les 6000 « hooligans et miliciens néo-fascistes », qui cultivaient de « mauvais plans » à l’endroit des participants à la parade homosexuelle. En effet, ils ont hurlé « Mort aux homosexuels » ou « Les homos au Kosovo ».  Ils se sont bagarré avec la police. Il a eu quelques centaines de blessés. Les locaux de plusieurs partis politiques ont été incendiés. Mais les participants à la Gay Pride n’ont pas été molestés. Du moins pendant le défilé.

 

Si l’on prend tous les événements autour de la Gay Pride de Belgrade en considération, peut-on parler de succès ? Oui, si l’on compare cette Gay Pride de 2010 à la tentative précédente de 2001. A l’époque, beaucoup de Serbes avaient protesté contre la tenue de cette parade mais la municipalité de Belgrade n’avait mobilisé que 50 policiers pour contenir les contre-manifestants. La plupart du temps les agents avaient regardé le ciel ou le bout de leurs godillots, sans se soucier du job qu’on leur demandait de faire. Ils ne sont entrés en action que lorsque certains surexcités ont commencé à les attaquer. « Nous ne pouvons tolérer le tenue de telles manifestations exaltant la perversité », avait déclaré le général de la police de Belgrade, le lendemain de cette Gay Pride de 2001. Il visait évidemment celle-ci et non pas les contre-manifestants.

 

Les deux parades homosexuelles sont significatives pour montrer comment la Serbie a « évolué ». On ne peut pas vraiment parler de paix civile définitivement acquise dans la Serbie d’aujourd’hui ni d’un système politique démocratique et bourgeois comme en Europe occidentale. Mais force est d’admettre qu’un courant politique important dans le pays souhaite un changement et marque des points. La situation n’est donc plus la même qu’en 2001 car la priorité politique est l’adhésion à l’UE. La tenue de Gay Prides sans incident est le prix à payer pour entrer dans le club européen.

 

Le lien qui existe entre l’acceptation par la population d’une Gay Pride et l’adhésion à l’UE est bien plus étroit qu’on ne l’imagine habituellement. Surtout parce qu’il y avait la présence de l’ambassadeur de l’UE, le diplomate français Vincent Degert. Il n’était pas le seul diplomate présent sur place. Il y avait aussi l’ambassadeur des Pays-Bas, le vice-ambassadeur d’Allemagne et des diplomates des ambassades d’Autriche, d’Espagne, de Suède et de Grande-Bretagne parmi les 1000 à 1500 homosexuels qui, estimait-on, défilaient lors de la Gay Pride belgradoise. Vincent Degert a même tenu un discours de circonstance, où il a déclaré :  « Nous sommes ici pour célébrer les valeurs de la tolérance, de la liberté d’expression et de la liberté de s’associer ».

 

Déjà pendant les semaines qui ont précédé le défilé, un clivage s’était fait jour avec, pour objet, la parade des homosexuels. Plusieurs diplomates avaient annoncé qu’il y participeraient, ce qui plaçait les autorité serbes devant de lourdes responsabilités. Elles ont donc été obligées d’agir pour éviter tout dérapage provoquant blessures ou morts parmi les diplomates européens circulant parmi les paradeurs.

 

Nous avons là un exemple typique de la « diplomatie soft » que pratique l’UE. Cette diplomatie permet d’exercer une pression réelle sans pour autant faire montrer d’une véritable démonstration de force. On n’a pas utilisé de moyens de pression forts, on s’est borné à exercer une coercition douce. Dans le cas qui nous préoccupe, un Etat candidat à l’adhésion est mis sous pression pour améliorer le traitement d’une certaine minorité. « L’UE pratique parfois ce genre de coercition douce », explique un diplomate en marge de l’affaire de la Gay Pride belgradoise, mais « ce ne fut pas le cas de la Bulgarie et de la Roumanie ». Dans ces deux pays, la pression ne s’est pas faite au départ d’une volonté d’imposer la tolérance vis-à-vis des homosexuels, mais plutôt vis-à-vis des tziganes et des handicapés. La situation des tziganes et des handicapés dans les deux pays a été considérée préoccupante, mais modérément, et n’a pas longtemps constitué un obstacle à leur adhésion.

 

Mais la Serbie, pour toutes sortes de raisons, devra attendre plus longtemps avant de pouvoir adhérer pleinement à l’UE : la Gay Pride est dès lors un symbole. Pour l’essentiel, l’enjeu, ce sont des chiffres et des dizaines de milliers de pages de législation, soit ce que l’on appelle généralement « l’acquis communautaire ». L’autorisation d’adhérer est donc tributaire de davantage de critères que la tenue, à intervalles réguliers, de Gay Prides à Belgrade. Et notre diplomate d’ajouter : « Pour les candidatures des pays balkaniques, l’UE ne doit pas répéter les erreurs commises dans le passé. Il ne suffit pas d’offrir la candidature pour faire évoluer le pays. Les changements ne s’opèrent que si l’Europe se montre vigilante ». Dans quelle mesure, cette Gay Pride 2010 à Belgrade est-elle un exemple de « diplomatie soft » pour faire fléchir les réflexes traditionnels du peuple serbe et le mettre au diapason des modes occidentales ? Nous laissons la réponse en suspens. Pour adhérer, je pense que les Serbes devront encore franchir bien des obstacles et non des moindres.

 

M. / « ‘ t Pallieterke ».

(article paru dans «  ‘t Pallieterke », Anvers, 20 octobre 2010).

Macchine da guerra: Blackwater, Monsanto e Bill Gates

Macchine da guerra: Blackwater, Monsanto e Bill Gates

di Silvia Ribeiro

Fonte: megachip [scheda fonte]

Un rapporto di Jeremy Scahill su The Nation (Blackwater’s Black Ops, 15.09.10) ha rivelato che il maggiore esercito mercenario al mondo, Blackwater (ora denominato Xe Services –), ha venduto servizi d’intelligence clandestini alla multinazionale Monsanto. Blackwater è stata ribattezzata nel 2009 dopo essere divenuta famosa nel mondo per via dei numerosi resoconti sui suoi abusi in Iraq, compresi massacri di civili. Resta il maggiore appaltatore privato dei “servizi di sicurezza” del Dipartimento di Stato U.S.A, che pratica il terrorismo di stato dando al governo l’opportunità di negarlo.

blackwater.jpgMolti militari ed ex-funzionari CIA lavorano per Blackwater o società collegate create per sviare l’attenzione dalla propria cattiva reputazione e fanno alti profitti vendendo i propri vili servizi – che vanno dall’informazione e lo spionaggio all’infiltrazione, al lobbying politico fino all’addestramento paramilitare – per altri governi, banche e multinazionali.

Secondo Scahill, gli affari con le multinazionali, come Monsanto, Chevron, e giganti finanziari come Barclays e Deutsche Bank, vengono convogliati tramite due società possedute da Erik Prince, proprietario di Blackwater: Total Intelligence Solutions e Terrorism Research Center. Questi funzionari e direttori si spartiscono la Blackwater.

Uno di loro, Cofer Black, noto per la sua brutalità come uno dei direttori della CIA, è stato quello che ha stabilito il contatto con la Monsanto nel 2008 in qualità di direttore di Total Intelligence, stabilendo un contratto con la società per spiare e infiltrare organizzazioni di attivisti sui diritti animali, anti-OGM e altre attività sporche del gigante della biotecnologia.

Contattato da Scahill, il dirigente Monsanto Kevin Wilson ha rifiutato di commentare, ma ha confermato in seguito a The Nation di aver noleggiato i servizi di Total Intelligence nel 2008 e 2009, secondo la Monsanto solo per tener d’occhio le “quanto divulgato pubblicamente” da parte dei suoi oppositori. Ha aggiunto che Total Intelligence era un’«entità del tutto separata da Blackwater».

Tuttavia, Scahill ha conservato copie di e-mail di Cofer Black dopo l’incontro con Wilson per la Monsanto, dove spiega ad altri ex-agenti CIA, usando le loro e-mail presso Blackwater, che la discussione con Wilson aveva portato Total Intelligence a diventare «il braccio d’intelligence della Monsanto», per spiare attivisti e altre iniziative, compresi «i nostri impegnati a integrare legalmente questi gruppi». Per Total Intelligence Monsanto ha pagato 127mila dollari nel 2008 e 105mila nel 2009.

Non sorprende che una società impegnata nella “scienza della morte” come la Monsanto, dedita fin dall’inizio alla produzione di sostanze tossiche che spaziano dall’Agent Orange ai PCB (bifenili policlorurati), pesticidi, ormoni e semi geneticamente modificati, sia associata a un’altra società di farabutti.

monsanto1.jpgQuasi simultaneamente alla pubblicazione di quest’articolo su The Nation, la Via Campesina ha riferito l’acquisto di 500mila azioni di Monsanto, per più di 23 milioni di dollari, da parte della Fondazione Bill & Melinda Gates, che con tale azione ha finito di gettare via la sua nmaschera “filantropica”. Un’altra connessione che non sorprende.

È un matrimonio fra i due più brutali monopoli nella storia dell’industrialismo: Bill Gates controlla più del 90% della quota di mercato dei software proprietari e Monsanto circa il 90% del mercato globale delle sementi transgeniche e buona parte delle sementi commerciali globali. Non esistono in alcun altro settore industriale monopoli così vasti, la cui stessa esistenza è una negazione del vantato principio della “concorrenza di mercato” del capitalismo.

Sia Gates sia Monsanto sono molto aggressivi nel difendere i loro monopoli ottenuti in malo modo.

billgates7tm-a038d.jpgBenché Bill Gates possa tentare di dire che la Fondazione non sia collegata ai suoi affari, tutto ciò prova che è vero il contrario: la maggior parte delle loro donazioni finiscono per favorire gli investimenti commerciali del magnate, effettivamente non “donando” alcunché: anziché pagare tasse ai forzieri statali, investe i suoi profitti là dove gli frutta economicamente, compresa la propaganda sulle loro presunte buone intenzioni.

Al contrario, le loro “donazioni” finanziano progetti distruttivi come la geoengineering (geoingegneria) o la sostituzione di medicine comunitarie naturali con medicine high-tech brevettate nelle aree più povere del mondo. Quale coincidenza: l’ex-ministro della Sanità Julio Frenk e Ernesto Zedillo sono consulenti della Fondazione.

Come Monsanto, Gates è inoltre impegnato a tentare di distruggere l’agricoltura rurale contadina a livello mondiale, principalmente mediante l’ “Alliance for a Green Revolution in Africa” (AGRA). che funziona come un cavallo di Troia per privare i poveri agricoltori africani delle loro sementi tradizionali, sostituendole con quelle delle proprie aziende per cominciare in seguito con quelle geneticamente modificate (GM).

A tal fine, la Fondazione ha assunto Robert Horsch nel 2006, il direttore di Monsanto. Ora Gates, nell’esporre massicci profitti, ha svelato direttamente la fonte.

Blackwater, Monsanto e Gates sono tre lati della stessa figura: la macchina da guerra al pianeta e a gran parte della gente che lo abita, che siano contadini, comunità indigene, persone che vogliono condividere informazione e conoscenza, o chiunque altro non intenda soggiacere alla cappa del profitto e alla distruttività del capitalismo.

 

* L’autrice è ricercatrice al Gruppo ETC

«La Jornada» ,14.10.10.

 

Traduzione per il Centro Studi Sereno Regis a cura di Miky Lanza, con revisioni di Megachip.

Titolo originale: Machines of War: Blackwater, Monsanto, and Bill Gates

http://www.transcend.org/tms/2010/10/machines-of-war-blac...

 


Tante altre notizie su www.ariannaeditrice.it

samedi, 15 mai 2010

Hollywood, le Pentagone et le monde

Hollywood, le Pentagone et le monde

Ex: http://metapoinfos.hautetfort.com/

Les éditions Autrement sortent une nouvelle édition, mise à jour, de l'excellent ouvrage de Jean-Michel Valantin, Hollywood, le Pentagone et le monde, initialement publié en 2003. Les productions d'Hollywood sont un des instruments essentiels du soft power américain, mais aussi un outil bien pratique pour légitimer, si besoin, le hard power... A lire pour ne plus regarder du même oeil les productions américaines qui innondent nos écrans !

Hollywood, le Pentagone et le monde.jpg
"L’industrie cinématographique est un acteur essentiel du débat stratégique américain par la production des films de « sécurité nationale ». Le cinéma met en scène les idées dominantes sur la menace proposées par l’appareil de sécurité nationale et légitime ses opérations militaires. Cette production particulière dépend des relations étroites nouées entre l’industrie du cinéma, le Pentagone, les agences de renseignement et la Maison-Blanche. Depuis plus de vingt ans, elles prennent un caractère de synergie, l’armée et les studios échangeant d’énormes contrats, et Hollywood étant pénétré par les évolutions politiques et idéologiques de Washington. Quatre grandes parties rythment l’ouvrage : *la première expose les rapports entre le cinéma, la culture, l’armée et le politique ; *la deuxième est centrée sur la période 1992-2000, avec la montée en puissance de la représentation de l’idée d’une menace mondiale ; *la troisième (actualisée pour cette édition) concerne la période contemporaine - 11 septembre 2001, Irak et Afghanistan ; * la dernière (spécialement écrite pour cette édition) porte sur l’émergence aussi forte que rapide de la question environnementale dans le cinéma de sécurité nationale."

lundi, 30 novembre 2009

Modus Operandi de la desinformacion

desinformacion.jpgModus Operandi de la desinformación

El martes 10 de noviembre, el Ministerio de Defensa de Corea del Sur anunció que una patrulla norcoreana había cruzado la línea fronteriza marítima en el Mar Amarillo (o Mar Occidental) lo que provocó que un buque de la Marina de Corea del Sur realizara “disparos de advertencia” a los que respondieron los norcoreanos. Según la agencia noticiosa surcoreana Yonhap, el patrullero de Pyongyang “aparentemente sufrió daños”, aunque no se informó de víctimas.

La frontera marítima en aguas del Mar Occidental es una zona altamente conflictiva donde se han librado enfrentamientos con numerosas bajas entre buques de las dos Coreas. Pyongyang rechaza la controvertida Línea del Límite del Norte (NLL), impuesta al final de la Guerra de Corea (1950-1953) por las tropas de la ONU lideradas por EEUU.

Este incidente agregó significación a una reciente denuncia por desinformación maliciosa formulada por el destacado pacifista y escritor estadounidense Bruce K. Gagnon, coordinador de la “Red global contra las armas y el poder nuclear en el espacio”.


Se trata de un suceso que, sin ser excepcional ni novedoso, resalta la sistemática manipulación que caracteriza al modus operandi de la gran prensa corporativa.

Relataba Gagnon que el diario The Washington Post de la capital estadounidense había publicado el 13 de octubre de 2009 un artículo titulado “Disparó Corea del Norte cinco misiles”, referido al hecho cierto de que esa nación asiática lanzó tal cantidad de misiles de corto alcance tras lo cual declaró una prohibición de la navegación en aguas frente a sus costas orientales y occidentales, sin mencionar en lo absoluto las motivaciones que había tenido Pyongyang para adoptar esas medidas.

“Lo que fue convenientemente excluido de la noticia es que Estados Unidos y los militares surcoreanos acababan de iniciar grandes maniobras militares conjuntas en el Mar Occidental (o Amarillo), situado entre Corea y China, que tendrían lugar del 13 al 16 de octubre y que incluirían la participación del grupo de combate del portaviones USS George Washington. Corea del Norte temía que Estados Unidos y Corea del Sur (que ahora construye misiles de largo alcance capaces de alcanzar en profundidad el territorio de Corea del Norte) planearan utilizar la circunstancia para lanzar un ataque sorpresivo contra ellos”, observa Gagnon.

“Después de todo, -añade- ellos conocen de los ataques de EEUU contra Iraq y Afganistán, y escuchan el entrechoque de los sables de guerra que Estados Unidos blande contra Irán. Corea del Norte no puede descuidarse ante la ocurrencia de estos grandes ejercicios militares. Cuando tienen lugar, ellos dejan todo lo que estén haciendo y se preparan para la defensa de su país. Es esa una razón por la que su economía presenta tantos problemas.”

“Por eso, como medida preventiva, ellos dispararon al mar, sin intención ofensiva, los 5 misiles de corto alcance, a fin de advertir (al eventual atacante) que ellos estaban alertas”, dice Gagnon.

El Washington Post había escrito que, “la Secretaria de Estado, Hillary Clinton, reaccionando ante los informes sobre el lanzamiento de los misiles, declaró que Estados Unidos y sus aliados están tratando de demostrar a Corea del Norte que la comunidad internacional no aceptará la continuidad de su programa nuclear”.

Ironiza Gagnon que “Estados Unidos finge sorpresa por este comportamiento extravagante e inesperado de la ‘inestable’ Corea del Norte y utiliza el incidente como pretexto para recordar al mundo que los buenos americanos están trabajando fuertemente para detener el programa nuclear de Corea del Norte. Estados Unidos, en otras palabras, es apenas un ingenuo observador. El tío bueno sólo sacude la cabeza, consternado, ante la conducta de aquellos norcoreanos tan extravagantes”.

El objetivo de la inocente información –dice- es hacer que en la mente del lector norteamericano y en las de los de otros lugares del mundo bajo influencia de los medios corporativos que controla Washington quede sólo la idea de que los maniáticos norcoreanos, una vez más, han disparado misiles contra objetivos fantasmas.

Relata Gagnon que, habiendo tenido acceso al cúmulo de informaciones omitidas, pudo constatar de qué manera Estados Unidos y el Washington Post engañaban al público, incluso a la mayor parte de los congresistas de Estados Unidos, que ignoraba el grave peligro que significaban esos ejercicios que llevaban a cabo su país y Surcorea frente a las costas de Corea Democrática y de China, algo que la noticia sobre los cinco misiles pasó por alto.

Grupos de pacifistas en Corea del Sur, identificados con el intríngulis del asunto, se manifestaron en protesta durante los días de las maniobras conjuntas, sin que ello fuera reportado por los medios en Corea del Sur ni, mucho menos, por el Washington Post.

Gagnon considera que se trata de un revelador ejemplo de la forma en que se estigmatiza a Norcorea desde la Guerra de Corea. “La práctica es la misma que se ha usado contra Cuba durante muchos años, contra Irak, y en la actualidad contra Irán, Afganistán y Pakistán. Es el modus operandi de Estados Unidos”.

Manuel E. Yepe

Extraído de Argenpress.

~ por LaBanderaNegra en Noviembre 18, 2009.

mercredi, 16 septembre 2009

Comment la CIA pénètre nos médias

Comment la CIA pénètre nos médias

 

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Par Maxime Vivas

Est-il permis, sans se voir clouer au pilori des « conspirationnistes », de dire que les consommateurs de la « grande » presse française devraient réfléchir à ce qu’ils vont lire ici ? Que sait-on (de sources sûres) de l’infiltration de nos médias par la CIA ?

 

Prenons le cas d’une richissime ONG que j’ai étudiée de près depuis quelques années et qui inonde les médias français d’un millier de communiqués par an, informations qui seront reprises, souvent sous forme de coupé-collé. Ainsi va se façonner l’opinion française, rendue méfiante à l’égard des pays dont les choix politico-économiques dérangent l’Oncle Sam.

Mais d’abord, laissons la parole à des témoins peu suspects d’imprégnation marxiste :

« La CIA contrôle tous ceux qui ont une importance dans les principaux médias. » William Colby, ancien directeur de la CIA.

« On trouvait des journalistes pour moins cher qu’une bonne call-girl, pour deux cents dollars par mois. » Un agent de la CIA, sur le recours aux journalistes pour propager des articles de la CIA. « Katherine The Great », de Deborah Davis, Sheridan Square Press, 1991.

« Les Etats-Unis et l´Union européenne contrôlent 90% de l´information de la planète ; sur les 300 principales agences de presse, 144 ont leur siège aux Etats-Unis, 80 en Europe, et 49 au Japon. Les pays pauvres, où vit 75% de l´humanité, possèdent 30% des journaux du monde. » Ana Delicado (journaliste), « Les médias racontent un seul monde, sans le Sud ». In : Agence internationale d’informations Argos, 28 novembre 2004.

Et enfin un mot du journaliste New Yorkais John Swinton qui, le 25 septembre 1880, refusa de porter un toast à la liberté de la presse et s’en expliqua ainsi :

« Il n’existe pas, à ce jour, en Amérique, de presse libre et indépendante. Vous le savez aussi bien que moi. Pas un seul parmi vous n’ose écrire ses opinions honnêtes et vous savez très bien que si vous le faites, elles ne seront pas publiées. On me paye un salaire pour que je ne publie pas mes opinions et nous savons tous que si nous nous aventurions à le faire, nous nous retrouverions à la rue illico. Le travail du journaliste est la destruction de la vérité, le mensonge patent, la perversion des faits et la manipulation de l’opinion au service des Puissances de l’Argent. Nous sommes les outils obéissants des Puissants et des Riches qui tirent les ficelles dans les coulisses. Nos talents, nos facultés et nos vies appartiennent à ces hommes. Nous sommes des prostituées de l’intellect. Tout cela, vous le savez aussi bien que moi ! » (Cité dans : « Labor’s Untold Story », de Richard O. Boyer and Herbert M.Morais, NY, 1955/1979).

L’ONG que j’ai étudiée s’appelle Reporters sans frontières. Peut-on mesurer son indépendance à l’égard des USA et des entreprises états-uniennes chargées d’intoxiquer l’opinion mondiale ? Voici quelques éléments qui conduisent à répondre par l’affirmative.

Au moment où cet article est rédigé (30 août 2009), les comptes de RSF pour l’année 2008 ne sont toujours pas connus, en violation de la loi relative aux organisations reconnues d’utilité publique. Cependant, deux rubriques du site Internet de RSF sont intéressantes. L’une est intitulée « Comptes 2007 » et la seconde « Agir avec nous ».

Dans la première, nous lisons : « Les entreprises qui aident Reporters sans frontières sont principalement Sanofi aventis et la CFAO, tandis que la liste des fondations privées contient la Fondation Soros, le Center for a Free Cuba, la National Endowment for Democracy, le Sigrid Rausing Trust, la Overbrook Foundation et la Fondation de France ».

Dans la seconde, à la sous-rubrique : « Les entreprises partenaires des actions et des campagnes de Reporters sans frontières » et dans le chapitre « Les Fondations », nous trouvons : La Fondation Ford, la National Endowment for Democracy, l’Open Society Institute et enfin Sigrid Rausing Trust sur laquelle on est mal renseignés (appel aux lecteurs futés !) mais dont RSF nous dit qu’elle « soutient les activités de Reporters sans frontières pour défendre la liberté de la presse et faire reculer la censure au Maghreb, au Moyen-Orient et en Iran ». Pas en Colombie, au Mexique ou au Pérou, les potes des USA, donc. Regardons ensemble ce que sont les sponsors étrangers de RSF :

La fondation Soros,

Le Center for a free Cuba (CFC),

L’Open Society Institute (de Soros, cité plus haut),

L’overbrook Foundation,

La National Endowment for democracy (NED),

La Fondation Ford.

Pour faire court, je renvoie le lecteur au livre « Les Etats-Unis de mal empire » (D. B., Viktor Dedaj, Maxime Vivas) et à mon livre « La face cachée de reporters sans frontières. De la CIA aux Faucons du Pentagone » (les deux sont publiés par Aden Editions) pour ce qui est de la NED et du CFC. Les liens quasi-directs de la NED avec la CIA y sont irréfutablement démontrés, voire confessés par des responsables de ce sponsor. Le CFC a pour mission de renverser le gouvernement cubain.

Voyons les autres, dont on a peu parlé à ce jour :

Soros et son Open Society Institute.

George Soros est partenaire du célèbre Carlyle Group, nid de Républicains et d’anciens membres de la CIA, dont l’un, Frank Carlucci, en fut le sous-directeur. Soros a sauvé George W. Bush de la faillite quand ce dernier dirigeait une société de prospection pétrolière. On ne compte plus les pays où l’Open Society Institute est intervenue (avec succès), en Amérique latine et en Europe de l’Est, pour favoriser la mise en place des dirigeants pro-états-uniens.

L’overbrook Foundation

Pendant la guerre froide, pour contenir l’influence des Soviétiques, la CIA avait créé Radio Free Europequi émettait en direction des pays de l’Est.

Parmi les promoteurs de cette radio, on trouvait un certain Frank Altschul.

Parallèlement, afin de préparer son opinion publique à une éventuelle intervention contre le bloc socialiste européen, l’Administration états-unienne avait organisé une opération d’intoxication médiatique sur son propre territoire. Une organisation prétendument formée de citoyens apolitiques (The Committee on the Present Danger) fut créée à cet effet.

Parmi ses principaux animateurs, figuraient Frank Altschul et William J. Donovan.

Qui est William J. Donovan ? Un officier états-unien qui, à la veille de la Seconde Guerre mondiale, avait fondé l’OSS (Office of Strategic Services) l’ancêtre de la CIA (Central Intelligence Agency). Pendant la guerre, il dirigea les services secrets US. L’OSS forma les futurs directeurs de la CIA. Parmi eux : William Casey. C’est sur recommandation de ce William Casey que la NED a été fondée par l’Administration Reagan au début des années 1980.

Mais revenons un instant sur ce Frank Altschul qui travailla à Radio Free Europe pour la CIA avec William Donovan, futur chef des services secrets US et fondateur de l’OSS, l’ancêtre de cette CIA dont un directeur fut William Casey, instigateur de la NED, paravent de la CIA. Frank Altschul est aussi le fondateur d’« Overbrook Fondation », ce nouveau sponsor de RSF.

La Fondation Ford.

Le 20, puis le 25 août 2006, j’adressai à Robert Ménard, deux mails dans lesquels je l’invitais à souscrire à ses obligations légales en répondant à un certain nombre de mes questions. Par exemple, je demandais si, outre la NED dont les subventions sont affichées et le CFC (dont les subventions ont été cachées plusieurs années) RSF avait d’autres sponsors US. Ménard me fit répondre par Jean-François Julliard, aujourd’hui patron de RSF : « … nous avons fait une demande auprès de la Fondation Ford qui a été refusée. Par ailleurs, nous avons reçu pour l’année 2006 une dotation de 30 000 dollars de la Fondation Overbrook (première dotation). Et en 2003 de la Fondation Real Networks (26 000 euros, dotation qui n’a pas été renouvelée). C’est tout pour les Etats-Unis ».

On voit aujourd’hui que la demande à la Fondation Ford a été renouvelée avec succès et ce, après la publication de mon livre, lu attentivement à RSF (Robert Ménard le critique à trois reprises dans son livre « Des libertés et autres chinoiseries » (Robert Laffont)).

Or, que révélais-je dans mon livre ? Ceci que j’ai cueilli sous la plume d’Alain-Gérard Slama dans le mensuel « Lire » de mai 1995 : « Raymond Aron raconte, dans ses Mémoires, son embarras lorsqu’il découvrit, à la fin des années 60, que le Congrès pour la liberté de la culture, officiellement financé par la fondation Ford et par quelques crédits européens, et dont il était un des phares, était soutenu, en coulisse, par la CIA. Pour un mouvement international censé réunir, en totale indépendance, la fleur de l’intelligence occidentale contre le stalinisme, et dont les revues Liberté de l’esprit et surtout Preuves, furent, en France, le bras séculier, on se serait passé de la caution. »

Presque cinquante ans plus tard, et alors qu’il n’est plus possible d’être trompé, RSF recherche à deux reprises cette caution et finit par l’obtenir.

Le 6 avril 2006, en réponse à une interview que j’avais donnée la veille au quotidien Métro, RSF me menaça d’un procès et nia toutes les subventions états-uniennes (qui étaient pourtant affichées sur son site). Pourquoi le fit-elle si ces sponsors étaient avouables ?

Mon lecteur en aurait-il une petite idée ?

Source: Mecanopolis [1]


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